Largement utilisée pour lutter contre les mauvaises herbes qui nuisent notamment à la culture du maïs et du sorgho, latrazine est reconnue pour ses effets néfastes sur les espèces aquatiques et représente un risque pour la santé humaine, car cet herbicide peut perturber laction de certaines hormones.
Dans une étude publiée récemment dans la revue Water Research, une équipe de chercheurs dirigée par le professeur Patrick Drogui de lINRS a comparé différents procédés pour dégrader latrazine, lun des pesticides les plus répandus dans les eaux de surface au Québec. Elle a démontré quun procédé hybride appelé photo-électro-Fenton (PEF) est le plus efficace pour éliminer de faibles concentrations datrazine et de ses dérivés dans leau de surface échantillonnée en milieu agricole. Cest la première fois que ce procédé était utilisé dans ces conditions.
Combinant dans un même réacteur des procédés électrochimiques, photochimiques et photoélectrochimiques, les chercheurs ont obtenu des résultats probants : plus de 99 % de latrazine a été éliminée après 15 minutes de traitement. Après 45 minutes de traitement, toutes les concentrations des dérivés étaient inférieures à la limite de détection dans les échantillons synthétiques. Dans leau de surface, son élimination a atteint 96 % voire 100 %. De plus, ils ont pu suivre lévolution des dérivés de latrazine pendant les différentes étapes de sa dégradation.
« De nos jours, le défi est de développer des technologies industrielles peu coûteuses pour traiter un volume important deau tout en éliminant simultanément les micropolluants comme les pesticides et leurs métabolites qui peuvent être plus toxiques que les composés originaux », estime le professeur Patrick Drogui, un des coauteurs.
Bien que le PEF soit une technologie propre et performante, il reste des obstacles à surmonter pour combiner ce procédé avec un traitement biologique dans une usine de traitement de leau et diminuer la consommation dénergie. Dautres recherches devront être menées afin de mieux comprendre les mécanismes de dégradation de latrazine dans ce type de procédés lorsquil y a présence de matière organique.
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À propos de la publication
Ces résultats sont présentés dans un article publié dans Water Research sous le titre « Removal of atrazine and its by-products from water using electrochemical advanced oxidation processes ». Cette recherche a été réalisée par Simon Komtchou, Ahmad Dirany, Patrick Drogui, Pierre Lafrance, tous du Centre Eau Terre Environnement de lINRS et de Didier Robert de lInstitut de chimie et procédés pour lénergie, lenvironnement et la santé, CNRS. Elle a bénéficié du soutien financier du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). doi : 10.1016/j.watres.2017.08.036
À propos de lINRS
LInstitut national de la recherche scientifique (INRS) est une université de recherche et de formation de 2e et 3e cycles. Première au Canada pour son intensité en recherche (subventions par professeur), lINRS rassemble 150 professeurs et près de 700 étudiants et stagiaires postdoctoraux répartis dans quatre centres à Montréal, à Québec, à Laval et à Varennes. Actives en recherche fondamentale, essentielle à lavancement de la science au Québec et sur léchiquier international, les équipes de recherche de lINRS jouent un rôle clé dans le développement de solutions concrètes aux préoccupations de notre société.
Journal
Water Research