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Suicide chez les adolescents: La médication pour traiter le TDAH comme outil de prévention

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal

Ce communiqué est disponible en anglais.

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Montréal, le 1er février 2016 - Les avertissements concernant la dangerosité des médicaments prescrits dans le traitement des troubles du déficit d'attention avec hyperactivité portent à confusion et pourraient entraîner de graves conséquences sur le risque de suicide chez les jeunes, selon des chercheurs de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal) et de l'Université de Montréal, dont la correspondance vient d'être publiée dans la plus récente édition de la revue The Lancet Psychiatry.

« Santé Canada a émis une série d'avertissements sur le risque accru de comportements suicidaires provoqués par des médicaments prescrits dans le traitement du TDAH. Or, l'organisme a omis de tenir compte des études épidémiologiques rapportant l'inverse, c'est-à-dire que la prise de ces médicaments est associée à un risque réduit de suicide chez les adolescents », déclare le Dr Alain Lesage, psychiatre et chercheur à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal) et l'un des auteurs de l'étude.

Le traitement médical du TDAH a triplé en 10 ans au Québec, atteignant 9% chez les garçons âgés de 10 ans et 4% chez les garçons âgés de 15 ans. Or, le taux de suicide chez les adolescents du Québec a diminué de près de moitié durant cette période chez les 15-19 ans, ce qui contredit les avertissements émis par Santé Canada.

« De toute évidence, l'utilisation de plus en plus importante de médicaments pour le TDAH démontre qu'ils pourraient effectivement réduire le risque de suicide plutôt que de l'augmenter », poursuit Edouard Kouassi, pharmacien et chercheur à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal) ainsi que co-auteur de l'étude.

Comment cette diminution peut-elle s'expliquer au niveau clinique?

« Les essais randomisés contrôlés indiquent que ces médicaments diminuent les symptômes de l'hyperactivité et du déficit de l'attention. Ils améliorent également la performance scolaire, l'estime de soi, diminuent les troubles du comportement et les abus de drogue, ainsi que le risque de grossesses précoces chez les filles. Dans les faits, ce sont plutôt ces troubles ou situations sociales précaires qui sont associés à un risque accru de suicide chez les jeunes et non la prise de la médication, qui au contraire les protège », poursuivent les auteurs.

Devant ce constat, l'avertissement de Santé Canada pourrait contribuer à diminuer le nombre d'ordonnances face à la crainte des parents de voir la santé de leurs enfants mise en danger quand concrètement, la prise de médicaments pourrait les protéger. « Le silence de l'Agence de santé publique du Canada (ASPC) est tout aussi préoccupant car cet organisme doit préparer une stratégie de prévention du suicide pour le gouvernement du Canada en vertu du projet de loi C-300. Nous avons écrit cette correspondance en espérant sonner l'alarme au sujet des messages publiés par les autorités de santé au Québec, comme ailleurs au Canada, qui pourrait encourager la réduction de l'utilisation de cette médication quand elle est indiquée », concluent-ils.

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À propos de l'étude

Source : Alain Lesage, Johanne Renaud, Édouard Kouassi, Philippe Vincent. Canadian ADHD black-box warnings. The Lancet Psychiatry, décembre 2015. http://www.thelancet.com/pdfs/journals/lanpsy/PIIS2215-0366(15)00428-9.pdf

Le Dr Alain Lesage est psychiatre et chercheur à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal) et professeur titulaire au Département de psychiatrie de l'Université de Montréal.

La Dre Johanne Renaud est psychiatre et chef médical du Programme de pédopsychiatrie de l'Institut universitaire en santé mentale Douglas (CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal). Elle est professeure agrégée au Département de psychiatrie de l'Université McGill.

Édouard Kouassi est pharmacien et chercheur associé à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal) et professeur-chercheur agrégé au Département de médecine de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal.

Philippe Vincent est pharmacien et chercheur associé à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et professeur adjoint de clinique à la Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal.


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