News Release

Comment améliorer l'efficacité des antipsychotiques à l'heure de la pharmacothérapie personnalisée?

Deux pharmaciens de l'UdM et de l'Institut universitaire en sante mentale de Montreal se prononcent

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal

Ce communiqué est disponible en anglais.

MONTRÉAL, le 9 décembre 2013 – L'efficacité de la majorité des antipsychotiques dépend de leur pharmacocinétique, c'est-à-dire de leur capacité à se retrouver dans la circulation sanguine après avoir été absorbés. C'est ce que nous apprennent Philippe Vincent et Édouard Kouassi, de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et de l'Université de Montréal, dans une correspondance publiée dans la plus récente édition du Lancet.1

En effet, ces deux chercheurs et pharmaciens, répondent à leur collègue allemand Stefan Leucht, qui a publié en septembre dernier une méta-analyse de plus de 200 articles sur l'efficacité et les effets secondaires de 15 antipsychotiques.2 Selon les données recueillies par Leucht, les cinq plus récents antipsychotiques (ziprasidone, aripiprazole, asenapine, ilopéridone et lurasidone) se retrouvent bons derniers dans le palmarès de l'efficacité et ce malgré qu'ils aient des propriétés pharmacologiques similaires. Cet article, publié en septembre 2013 dans Lancet, ne présentait pas d'explication à cet étonnant résultat.

En réponse à Leucht et ses collaborateurs, qui apportent des données probantes de très haute qualité, Vincent et Kouassi suggèrent de considérer le contexte clinique d'administration et de dosage qui peuvent influencer l'efficacité des antipsychotiques.

D'abord, il faut prendre en compte que certains antipsychotiques exigent une collaboration étroite de la part des patients. À leur avis, pour être bien absorbés, certains médicaments ont besoin de conditions spécifiques. « Par exemple, la ziprasidone doit être pris deux fois par jour, avec un repas de 500 calories tandis que l'asénapine doit absolument fondre sous la langue et le patient doit s'abstenir de l'avaler, de boire, manger ou fumer pour 10 minutes après » explique Philippe Vincent, professeur au Département de pharmacie de l'Université de Montréal. « C'est un défi important sachant que plus de la moitié des personnes atteintes de troubles psychotiques ne prennent pas leurs médicaments tel que prescrit.»

Ensuite, selon Vincent et Kouassi, la titration de ces antipsychotiques est un défi dans la pratique clinique puisqu'il est difficile d'obtenir la dose thérapeutique optimale du premier coup. Il faut donc faire appel à une approche empirique. « Les effets secondaires importants apparaissent bien avant que la dose thérapeutique optimale soit déterminée, ce qui peut décourager les patients à poursuivre leur traitement » affirme Édouard Kouassi, professeur à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal. « Il est nécessaire de persévérer, car la pharmacocinétique des molécules des antipsychotiques diffère d'un patient à un autre. En ajustant la dose de médicament selon le degré d'absorption sanguine, de distribution, de métabolisme et d'élimination chez le patient, le traitement devient personnalisé et d'autant plus efficace. Nous affirmons qu'à l'exception de la clozapine, tous les antipsychotiques peuvent avoir la même efficacité s'ils atteignent des niveaux comparables dans le sang ».

Si les études rapportées par Leucht avaient comparé les médicaments entre eux par leur concentration sanguine, nous aurions obtenu des conclusions plus précises sur l'efficacité du médicament. « Cela confirme que l'avenir de la médecine psychiatrique s'inscrit dans la personnalisation des soins aux patients » conclut Philippe Vincent.

Édouard Kouassi, docteur en pharmacologie, est chercheur à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et professeur-chercheur agrégé à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal. Les travaux d'Édouard Kouassi portent sur l'identification de biomarqueurs sanguins dans les maladies psychiatriques telles que la schizophrénie et la dépression majeure. Il travaille également sur les mécanismes d'action de la sérotonine sur la survie des globules rouges et son implication en médecine transfusionnelle, ainsi que sur le rôle des récepteurs de la sérotonine dans les cellules immunitaires.

Philippe Vincent est pharmacien clinicien spécialisé en psychiatrie à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et professeur adjoint de clinique à la Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal. Ses recherches portent sur les soins pharmaceutiques spécialisés en psychiatrie et sur l'adhésion au traitement des personnes souffrant de schizophrénie.

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1Vincent P, Kouassi E. Efficacy of antipsychotic drugs for schizophrenia (Letter to Editors). The Lancet – 7 December 2013.

2 Leucht S, Cipriani A, Spineli L, et al. Comparative efficacy and tolerability of 15 antipsychotic drugs in schizophrenia: a multiple treatments meta analysis. Lancet 2013 ; 382 :951‐62.


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