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Un enfant placé sur trois risque d'être victime de soins parentaux inadéquats au retour dans sa famille

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal

Ce communiqué est disponible en anglais.

MONTRÉAL, le 28 octobre 2014 – Un enfant sur trois placé en milieu substitut par le Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) risque de recevoir des soins parentaux inadéquats (violence, négligence physique, etc.) après avoir réintégré sa famille, ce qui entraîne un retour dans les services de protection. C'est ce que révèle une étude menée par des professeures de l'École de service social de l'Université de Montréal qui ont évalué la stabilité de la vie des jeunes après l'entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur la protection de la jeunesse au Québec.

Marie-Andrée Poirier et Sonia Hélie, aussi chercheuses au Centre jeunesse de MontréalInstitut universitaire, ont analysé les données provenant des 16 centres jeunesse de la province couvrant les années 2008 et 2009 afin de vérifier quels étaient les motifs associés au retour des enfants dans les services de protection après un placement en milieu substitut et la fermeture de leur dossier. Il s'agit de la première étude au monde réalisée sur le recours récurrent au DPJ auprès de ces enfants.

La cohorte, composée de 4120 jeunes Québécois âgés de 0 à 17 ans ayant fait l'objet de mesures de protection et d'un placement, a été suivie pendant un peu plus de cinq ans. Les résultats de leur étude démontrent que la situation de 33 % des enfants revenus dans leur milieu familial requiert une nouvelle intervention du DPJ. Deux variables influent particulièrement sur ce phénomène, selon les chercheuses. Le risque varie d'abord en fonction de l'âge de l'enfant. «Les enfants âgés de trois à cinq ans ont une probabilité plus grande d'être une fois de plus victimes d'abus ou de négligence, indique Marie-Andrée Poirier. Cela s'explique par leur vulnérabilité et les soins constants dont ils ont besoin.»

Le nombre de tentatives de réintégration dans la famille d'origine influence également le risque de faire de nouveau appel au DPJ. Du moins chez les petits. «Ce n'est pas tant l'instabilité en termes de familles d'accueil fréquentées par les enfants qui semble jouer mais plutôt le nombre d'allers-retours entre leur milieu naturel et les milieux substituts, affirme Sonia Hélie. On croit que les jeunes enfants sont plus sensibles aux échecs de la réunification et à ce que cela peut leur faire vivre sur le plan de l'attachement.»

Composition originale de la cohorte

L'ajout en 2007 du projet de vie permanent dans la nouvelle Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) provient d'une préoccupation quant à la stabilité des liens et des conditions de vie à long terme des enfants placés, signale Marie-Andrée Poirier. «Avant les modifications apportées à la LPJ, on observait un plus grand nombre d'allers et retours, précise la professeure. Aujourd'hui, la loi introduit des délais à l'intérieur desquels un projet de vie permanent doit être déterminé, soit 12 mois pour les moins de deux ans, 18 mois pour les deux à cinq ans et deux ans pour les plus de cinq ans.»

«Depuis les amendements à la LPJ, le placement est effectivement moins fréquent et les enfants sont plus souvent placés chez un membre de la famille élargie ou un tiers significatif, dit Mme Hélie. Nous avons voulu vérifier si les caractéristiques du placement influençaient la récidive de victimisation de l'enfant.»

Pour parvenir à décrire avec précision la récurrence des mauvais traitements chez les enfants ayant fait objet de mesures de protection, Mmes Poirier et Hélie ont inclus dans leur échantillon les jeunes pris en charge par le DPJ et dont le dossier avait été fermé parce qu'ils étaient retournés dans leur famille.

Leur analyse confirme que réintroduire le jeune dans sa famille est une option généralement privilégiée. C'était le cas pour la majorité des enfants de la cohorte à l'étude. Pour la plupart des enfants, l'intervention du DPJ leur permet de ne pas être une nouvelle fois pris en charge par les centres jeunesse. Ils connaissent des placements stables et finissent par vivre une réunification familiale durable. Mais tous n'ont pas cette chance. Quelque 33 % d'entre eux, après la fermeture de leur dossier, sont encore une fois victimes d'abus ou de négligence et se retrouvent dans les services de protection de la jeunesse.

Pour les chercheuses, cela laisse penser que les familles ne reçoivent peut-être pas l'aide nécessaire pour que réussisse la réunification familiale, soit de la part des services de protection ou de ceux qui sont amenés à prendre le relais après l'intervention du DPJ. L'offre de service en matière de réunification familiale est un enjeu qui mérite d'être mieux étudié, d'après Mme Poirier. «Il est important d'intervenir au sein de la famille et d'assurer un suivi après le retour de l'enfant.»

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L'étude des professeures s'inscrit dans une analyse plus large consacrée à l'évaluation des effets de la nouvelle Loi sur la protection de la jeunesse. Outre Mmes Poirier et Hélie, Daniel Turcotte, de l'Université Laval, a collaboré à l'étude publiée récemment dans la revue Children and Youth Services Review.


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