News Release

Infertilité masculine : branle-bas de combat scientifique

Un groupe international de spécialistes formule 10 recommandations pour augmenter les chances des hommes de connaître les joies de la paternité

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal Hospital Research Centre (CRCHUM)

Sarah Kimmins, chercheuse au CRCHUM et professeure à l'Université de Montréal

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Credit: Amélie Philibert I Université de Montréal

Montréal, 13 octobre 2023 — Un couple sur six est touché par l’infertilité, selon l’Organisation mondiale de la santé. Dans la moitié des cas, les hommes sont en cause. Alors que l’infertilité masculine augmente dans le monde, la chercheuse Sarah Kimmins et 25 experts internationaux rappellent que les hommes ont droit d’avoir accès à des diagnostics efficaces et à des traitements ciblés.

Dans la plupart des cas, ils sont malheureusement inexistants.

Le manque de connaissances sur les causes de l’infertilité masculine, associé à des outils cliniques limités, a des conséquences. Son traitement passe par des interventions médicales sur les femmes : des procédures de procréation médicalement assistée invasives et risquées.

Dans un rapport de consensus publié dans la revue Nature Reviews Urology, un groupe de 25 scientifiques mené par Moira O’Bryan, doyenne de la faculté des sciences de l’Université de Melbourne, a formulé 10 recommandations susceptibles d’améliorer la santé des hommes et de leurs enfants, et de réduire la charge pesant sur leurs partenaires féminines.

Sarah Kimmins, professeure à l’Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM), a participé au rapport en tant que première auteure et experte mondiale en fertilité masculine et en interactions gènes-environnement.

Mode de vie et environnement, des éléments clés

« Le déclin rapide de la fertilité masculine ne peut s’expliquer par la génétique seule. Des études indiquent que des facteurs environnementaux jouent un rôle déterminant, explique Sarah Kimmins. C’est le cas de l’exposition grandissante aux perturbateurs endocriniens, des produits chimiques que nous côtoyons au quotidien et qui persistent dans l’environnement ».

« L’augmentation du nombre d’hommes en surpoids et obèses, une mauvaise alimentation, le stress, la consommation de cannabis, d’alcool, de tabac ou de vapotage sont autant d’autres facteurs à prendre en considération. Malheureusement, les hommes n’en sont généralement pas conscients. »

L’une des principales recommandations du rapport est d’ailleurs de sensibiliser le public, par le biais de campagnes de santé publique, à ces choix de vie qui mettent en péril la fertilité des hommes.

« Comme il faut des mois pour fabriquer des spermatozoïdes, les hommes devraient envisager d’adopter un mode de vie sain bien avant de penser à fonder une famille », dit la Dre Jacquetta Trasler, coauteure de l’étude et chercheuse à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.

Un besoin urgent de meilleurs diagnostics et traitements

« La clinique est mal équipée pour diagnostiquer et traiter correctement la reproduction masculine. Les méthodes actuelles sont basées sur des techniques dépassées », rappelle Géraldine Delbès, coauteure de l’étude et chercheuse à l’Institut national de la recherche scientifique.

Les hommes sont déclarés infertiles sur la base de leurs antécédents familiaux, d’un examen physique, de profils hormonaux et d’une simple analyse de sperme qui n’a pas changé depuis plus de 50 ans.

« En tant que professionnels de la santé, nous avons besoin d'un financement accru de la recherche qui nous permettra de proposer aux hommes des tests sensibles et précis évaluant la qualité du sperme », dit la Dre Trasler.

La médecine personnalisée en ligne de mire

Sarah Kimmins et son équipe ont consacré des années de recherche à la mise au point d’un meilleur diagnostic de la fertilité masculine.

Avec HisTurn, le premier diagnostic génomique offrant une approche médicale personnalisée de l’infertilité masculine, son laboratoire est en voie d’atteindre cet objectif.

HisTurn est en cours de validation clinique. Il pourrait être utilisé dans les cliniques de fertilité pour donner aux hommes un diagnostic précis et les guider ainsi vers le traitement le plus adapté.

Cela permettrait aussi aux couples et aux cliniques d’économiser du temps et de l’argent, et d’améliorer l’efficacité et le taux de réussite des traitements de fertilité.

« La baisse de la qualité du sperme et l’augmentation de la fréquence du cancer du testicule et des anomalies congénitales du système urogénital indiquent que, globalement, la santé reproductive masculine s’est dégradée au cours des dernières décennies », indique Moira O’Bryan.

Selon elle, entreprendre des recherches pour comprendre pourquoi et comment cette tendance peut être inversée est essentiel tout comme la mise en œuvre urgente à l’échelle mondiale des recommandations du groupe d’experts qu’elle a menée.

 

Rédaction : Bruno Geoffroy

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À propos des 10 recommandations

  1. Les gouvernements, les systèmes de santé, les compagnies d’assurance et le public doivent comprendre et reconnaître que l’infertilité masculine est une pathologie courante et grave et que les patients ont droit à des diagnostics pertinents et à des traitements ciblés ;
  2. Établir un réseau mondial de registres et de biobanques contenant des informations cliniques et de mode de vie standardisées, ainsi que des tissus provenant d’hommes fertiles et infertiles, de leurs partenaires et de leurs enfants. Le connecter aux systèmes nationaux de données sur les soins de santé ;
  3. Mettre en œuvre des protocoles et des mesures incitatives pour normaliser la collecte de tissus dépersonnalisés et de données cliniques/mode de vie ; 
  4. Financer davantage de recherches collaboratives internationales pour comprendre les interactions et les impacts des facteurs génétiques, du mode de vie et de l’environnement sur la fertilité masculine dans différentes populations ;
  5. Intégrer le séquençage génomique dans le diagnostic de l’infertilité masculine ;
  6. Développer des tests diagnostiques supplémentaires pour améliorer le diagnostic et la cause de l’infertilité masculine ;
  7. Tester rigoureusement l’impact sur la fertilité masculine des composés — en particulier des perturbateurs endocriniens — présents dans les produits, sur le lieu de travail et dans l’environnement. Mettre en œuvre des réglementations et des politiques et développer des solutions de remplacement sécuritaires ;
  8. Tester rigoureusement les stratégies d’assistance médicale à la procréation avant de les intégrer dans la pratique clinique ;
  9. Des campagnes d’éducation publique pour promouvoir la discussion sur l’infertilité masculine et l’engagement dans la recherche de la santé ;
  10. Améliorer la formation des professionnels de la santé afin de promouvoir la santé reproductive masculine tout au long de la vie.

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À propos de l’étude

L’article « Frequency, morbidity and equity—the case for increased research on male fertility », par Sarah Kimmins et ses collègues, a été publié en ligne le 12 octobre 2023 dans la revue Nature Reviews Urology

Les 26 auteurs de l’article sont des leaders mondiaux dans les domaines de l’andrologie, de la gynécologie, de l’urologie, de la biologie cellulaire, de l’endocrinologie, des risques environnementaux, de la pathologie, de la médecine de la reproduction, de la procréation médicalement assistée, de l’oncologie, de la génétique, de la pédiatrie, de la pharmacologie et de la thérapeutique.

 

À propos du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM)

Le Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) est l’un des principaux centres de recherche hospitaliers en Amérique du Nord. Sa mission est d’améliorer la santé des adultes grâce à un continuum de recherche couvrant des disciplines telles que la science fondamentale, la recherche clinique et la santé des populations. Plus de 2150 personnes travaillent au CRCHUM, dont près de 500 chercheuses et chercheurs, et près de 650 étudiantes, étudiants et stagiaires postdoctoraux. crchum.com

À propos de l’Université de Montréal

Montréalaise par ses racines, internationale par vocation, l’Université de Montréal compte parmi les plus grandes universités dans le monde et notamment au sein de la francophonie. Elle a été fondée en 1878, et compte aujourd’hui 13 facultés et écoles. Elle forme avec ses deux écoles affiliées, HEC Montréal et Polytechnique Montréal, le premier pôle d’enseignement supérieur et de recherche du Québec et l’un des plus importants en Amérique du Nord. L’Université de Montréal réunit 2 300 professeurs et chercheurs et accueille près de 67 000 étudiants. umontreal.ca


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