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Une application québécoise pour aider les jeunes à mieux vivre avec le cannabis et la psychose

Des chercheurs montréalais testent actuellement au niveau national une application permettant aux jeunes ayant vécu un épisode psychotique de réduire les risques liés à leur consommation.

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal Hospital Research Centre (CRCHUM)

Dr Didier Jutras-Aswad, chercheur du CRCHUM et professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal

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Credit: CHUM

Des scientifiques du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) testeront à l’échelle canadienne une application mobile pour aider les jeunes adultes ayant vécu un premier épisode psychotique à mieux contrôler leur consommation de cannabis.

Cet essai clinique national constitue une première au Canada, un pari audacieux initié par l’équipe du Dr Didier Jutras-Aswad, chercheur de l’axe Neurosciences du CRCHUM et professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

Leur étude pilote intitulée CHAMPS (Cannabis Harm-reducing App to Manage Practices Safely), publiée dans Psychiatry Research, leur a permis de recevoir près de 800 000 $ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour évaluer l’efficacité de leur approche numérique.

« Conçue en collaboration avec de jeunes adultes, des cliniciens et de nombreux experts, notre application offre des modules interactifs, ainsi qu’un accompagnement personnalisé pour réduire les risques liés à la consommation de cannabis », dit le Dr Didier Jutras-Aswad, chef du département de psychiatrie du CHUM.

« Notre étude pilote a confirmé son acceptabilité auprès des jeunes ayant vécu un premier épisode psychotique. Le financement des IRSC nous permettra d’aller plus loin en documentant son efficacité dans divers milieux cliniques. »

Une étude pilote qui ouvre la voie

Pour réaliser l’étude pilote, le Dr Jutras-Aswad a pu compter sur l’aide d’une équipe multidisciplinaire, incluant entre autres Stephanie Coronado-Montoya, première auteure de l’étude et ancienne doctorante de son équipe, et la Dre Amal Abdel-Baki, psychiatre au CHUM.

Au total, 101 jeunes adultes, âgés de 18 à 35 ans, ont été suivis dans six cliniques spécialisées en intervention précoce pour la psychose, situées à travers le Québec et la Nouvelle-Écosse.

L’objectif est de proposer une alternative aux approches traditionnelles de soins centrées sur l’abstinence, souvent inadéquates pour les jeunes adultes ayant connu un premier épisode psychotique et qui n’ont pas nécessairement l’intention d’arrêter leur consommation de cannabis.

« En comparant les soins standards à une approche combinée avec CHAMPS, nous avons démontré que l’utilisation de l’application numérique est bien accueillie et qu’elle peut être intégrée dans un environnement clinique réel », explique le chercheur.

« Même si nous ne pouvons pas encore conclure sur l’efficacité de CHAMPS, nous avons tout du moins vu un signal encourageant en matière de baisse des problèmes liés au cannabis. » 

Ces résultats ont incité les IRSC à subventionner l’essai contrôlé randomisé, qui vise à inclure 250 jeunes dans six cliniques réparties au Québec, en Nouvelle-Écosse et en Alberta. Le recrutement s’étalera sur trois ans.

Une appli qui parle aux jeunes

CHAMPS va au-delà d’une simple application numérique. Elle s’intègre harmonieusement aux suivis cliniques existants sans surcharger le travail du personnel médical.

En soi, elle incarne une nouvelle philosophie en matière de soins en santé mentale, spécifiquement conçue pour répondre aux véritables besoins, trop souvent négligés, de jeunes adultes.

« Plusieurs personnes ne souhaitent pas, du moins pendant une certaine période, réduire ni cesser leur consommation de cannabis. Ces jeunes nous disent toutefois être ouverts à changer leur façon de consommer pour en réduire les risques. C’est ce que vise CHAMPS », explique le Dr Jutras-Aswad.

Cette perspective, exempte de jugement et centrée sur l’autonomie, pourrait contribuer à transformer la façon dont les équipes cliniques abordent la consommation de cannabis chez les personnes atteintes de troubles psychotiques.

Une approche qui pourrait changer les pratiques

Conçue à Montréal, l’application CHAMPS pourrait être adoptée dans des pays où la consommation de cannabis reste interdite. CHAMPS s’inscrit d’ailleurs dans un mouvement plus vaste visant à humaniser, individualiser et déstigmatiser les soins de santé mentale.

« Afin de pouvoir intégrer plus largement la réduction des risques dans les soins en santé mentale, il est crucial de modifier les perceptions, les pratiques et les philosophies de soins », précise le Dr Jutras-Aswad.

En publiant des directives sur la consommation sécuritaire de cannabis en contexte de psychose, son équipe s’est d’ailleurs engagée activement à promouvoir cette approche avec l’aide d’un groupe de recherche international.

 

Rédaction : Bruno Geoffroy

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À propos de l’étude pilote

L’article « A pilot randomized controlled trial of a digital cannabis harm reduction intervention for young adults with first-episode psychosis who use cannabis » par Stephanie Coronado-Montoya et ses collègues sous la supervision du Dr Didier Jutras-Aswad a été publié en ligne le 17 mai 2025 dans la revue Psychiatry Research.

Ces travaux de recherche ont été financés par le ministère de la Santé et des Services sociaux et la Fondation du CHUM.

À propos du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM)

Le Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) est l’un des principaux centres de recherche hospitaliers en Amérique du Nord. Sa mission est d’améliorer la santé des adultes grâce à un continuum de recherche couvrant des disciplines telles que la science fondamentale, la recherche clinique et la santé des populations. Environ 2170 personnes travaillent au CRCHUM. Parmi elles, plus de 570 chercheuses et chercheurs, et plus de 540 étudiantes et étudiants des cycles supérieurs et stagiaires postdoctoraux. crchum.com

À propos de l’Université de Montréal

Montréalaise par ses racines, internationale par vocation, l’Université de Montréal compte parmi les plus grandes universités dans le monde et notamment au sein de la francophonie. Elle a été fondée en 1878, et compte aujourd’hui 13 facultés et écoles. Elle forme avec ses deux écoles affiliées, HEC Montréal et Polytechnique Montréal, le premier pôle d’enseignement supérieur et de recherche du Québec et l’un des plus importants en Amérique du Nord. L’Université de Montréal réunit 2300 professeurs et chercheurs et accueille plus de 70 000 étudiants umontreal.ca


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