image: Lingshan Li: “We need to care more about people who are most exposed to excess heat in urban areas.”
Credit: Concordia University
Les arbres sont essentiels au rafraîchissement des villes. Cependant, une étude menée par une équipe de recherche de l’Institut des villes nouvelle génération et du Centre de recherche Loyola sur la durabilité de l’Université Concordia montre que la répartition des arbres est telle que certains groupes de la population bénéficient davantage de cette fraîcheur que d’autres.
Un article publié dans la revue Urban Forestry & Urban Greening explique la démarche des auteures de l’étude, qui ont étudié la répartition de la végétation à Montréal – ses arbres, ses arbustes et ses aires gazonnées – pour ensuite la comparer aux relevés de température diurne au sol.
À partir d’images satellites et de données obtenues au moyen de la technologie de détection et de télémétrie par ondes lumineuses (lidar), les chercheuses ont constaté qu’une augmentation de 10 % de la couverture arborée peut abaisser la température à la surface du sol de 1,4 ˚C, et qu’une quantité similaire d’arbustes et d’herbe a pour effet de réduire les températures d’environ 0,8°C. Elles ajoutent que les grandes surfaces continues d’arbres rafraîchissent mieux les zones environnantes que les petites parcelles dispersées.
L’équipe de recherche a également analysé et comparé la couverture végétale à la lumière d’informations démographiques tirées du recensement canadien de 2021. Les résultats ont révélé que les quartiers dont la population est riche, scolarisée et surtout blanche ont souvent accès à une infrastructure verte de meilleure qualité, tandis que l’infrastructure verte génératrice de fraîcheur se fait disproportionnellement plus rare dans les quartiers plus pauvres et plus diversifiés sur le plan racial.
Ces zones défavorisées comptent également une plus vaste population appartenant à des groupes d’âge vulnérables, à savoir les moins de cinq ans et les plus de 65 ans.
« Les besoins en matière d’effet de rafraîchissement lié à la présence de végétation urbaine sont établis à partir de la population des groupes vulnérables », indique Lingshan Li, auteure principale de l’étude et doctorante au Département de géographie, urbanisme et environnement. « Nous devons nous préoccuper davantage des personnes les plus exposées à la chaleur excessive dans les zones urbaines. »
Une fraîcheur à géométrie variable
Le modèle s'appuie sur trois indicateurs clés, élaborés à partir de données provenant de plusieurs sources :
- Exposition à la chaleur – Mesurée à l'aide des données sur la température de surface terrestre provenant des images satellite Landsat fournies par l'US Geological Survey ;
- Couverture végétale – évaluée à l'aide du LiDAR et d'images aériennes provenant de l'indice métropolitain de la canopée de la Communauté métropolitaine de Montréal, qui cartographie la couverture végétale de l'île de Montréal
- Données démographiques – tirées du recensement canadien de 2021, y compris les statistiques sur l'âge, le niveau d'éducation, le revenu et l'appartenance à une minorité visible.
L’équipe a ensuite créé un modèle statistique d’indice de refroidissement permettant de prédire l’incidence de la végétation sur les températures de surface. Les chercheuses ont utilisé trois variables : le pourcentage de végétation haute (couverture arborée), le pourcentage de végétation basse (arbustes et surfaces gazonnées) et un « indice des grandes surfaces de végétation haute », qui mesure la taille et l’étendue des principales parcelles d’arbres dans la zone étudiée.
L’équation ainsi créée rend compte d’environ 80 % des variations de chaleur sur l’île. Le modèle a également produit des résultats indiquant que les températures peuvent être réduites en augmentant la couverture végétale et que la présence de parcelles d’arbres plus étendues et reliées entre elles amplifie l’effet de rafraîchissement.
Ces constats ont permis à l’équipe d’élaborer un « indice d’apport de rafraîchissement » pour chaque quartier, auquel est attribuée une valeur comprise entre 0 (faible) et 1 (élevé).
Offre et demande en matière de refroidissement
L’équipe a également établi un « indice de besoin de rafraîchissement », fondé sur la proportion de personnes résidantes de moins de cinq ans et de plus de 65 ans, soit les populations les plus vulnérables à la chaleur excessive. Les zones comptant le plus grand nombre de ces personnes ont un besoin plus élevé de rafraîchissement.
Une comparaison de ces deux indices a montré quels quartiers présentaient des disparités entre l’apport et le besoin de rafraîchissement.
Les quartiers les plus riches et les mieux éduqués, comme Outremont et l’Ouest-de-l’Île, qui possèdent une densité d’arbres plus élevée, jouissent d’une plus grande fraîcheur. En revanche, Saint-Léonard, Montréal-Nord et Anjou comptent moins d’arbres, un plus grand nombre de personnes résidentes vulnérables à la chaleur ainsi qu’une plus grande proportion de minorités visibles et de ménages dont le revenu moyen est faible.
Selon Lingshan Li, cette étude peut aider les urbanistes et les autorités municipales à définir les priorités en matière de construction de parcs et d’espaces verts afin de rendre leurs villes plus équitables.
« Les zones urbaines disposant d’un espace limité, nous ne pouvons pas aménager autant d’espaces verts que nous le souhaiterions, conclut la chercheuse. Nous devons acquérir une meilleure compréhension de la façon de gérer notre infrastructure verte urbaine afin d’en maximiser les avantages. »
Les personnes qui ont contribué à la réalisation de cette étude sont Angela Kross, professeure agrégée au Département de géographie, urbanisme et environnement; Carly Ziter, professeure adjointe au Département de biologie; et Ursula Eicker, professeure au Département de génie du bâtiment, civil et environnemental.
Cette étude a été financée par la Fondation familiale Trottier et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
Lisez l’article cité: « Analyzing spatial patterns of urban green infrastructure for urban cooling and social equity »
Journal
Urban Forestry & Urban Greening
Method of Research
Imaging analysis
Subject of Research
People
Article Title
Analyzing spatial patterns of urban green infrastructure for urban cooling and social equity
Article Publication Date
5-Aug-2025
COI Statement
Lingshan Li reports financial support was provided by The Trottier Family Foundation. Lingshan Li reports financial support was provided by Natural Sciences and Engineering Research Council of Canada. Carly Ziter, Angela Kross reports financial support was provided by Natural Sciences and Engineering Research Council of Canada. Carly Ziter, Ursula Eicker reports financial support was provided by The Trottier Family Foundation. If there are other authors, they declare that they have no known competing financial interests or personal relationships that could have appeared to influence the work reported in this paper.