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Cligner des yeux moins souvent pourrait indiquer que le cerveau travaille davantage pour écouter, selon une étude de l’Université Concordia

L’équipe de recherche affirme que la fréquence des clignements peut être utilisée comme indicateur pratique et peu contraignant pour mesurer les fonctions cognitives en laboratoire et dans le monde réel

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Concordia University

Bigras Coupal Deroche

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Pénélope Coupal, centre, with Charlotte Bigras and Mickael Deroche: “We don’t just blink randomly. In fact, we blink systematically less when salient information is presented.”

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Credit: Concordia University

Le clignement des yeux est un réflexe humain qui s’effectue le plus souvent inconsciemment, tout comme la respiration. Bien que les recherches sur le clignement des yeux concernent généralement la vision, une nouvelle étude de Concordia examine le lien entre le clignement des yeux et les fonctions cognitives, comme le fait de filtrer les bruits de fond pour se concentrer sur ce que quelqu’un essaie de nous dire dans une pièce bondée.

Dans un article publié dans la revue Trends in Hearing, l’équipe de recherche décrit deux expériences visant à mesurer les variations du clignement des yeux en réaction à des stimuli dans différentes conditions.

Cette étude montre que les gens sont naturellement portés à moins cligner des yeux lorsqu’ils doivent fournir un effort supplémentaire pour comprendre ce qui se dit dans un environnement bruyant, ce qui semble indiquer que le clignement des yeux reflète l’effort mental nécessaire à l’écoute au quotidien. L’étude a également démontré que les habitudes de clignement des yeux restent stables dans différentes conditions d’éclairage. Autrement dit, les gens clignent aussi souvent des yeux sous une lumière vive ou tamisée que dans l’obscurité.

« Nous cherchions à savoir si les facteurs environnementaux avaient une incidence sur le clignement des yeux et à déterminer en quoi ce réflexe était lié à la fonction exécutive », précise Pénélope Coupal, auteure principale de l’étude et étudiante du programme de Honours au Laboratoire d’audition et de cognition. « Par exemple, existe-t-il un moment stratégique pour cligner des yeux afin de ne rien manquer de ce qui est dit? »

L’étude a révélé que c’était effectivement le cas.

« Le clignement ne s’effectue pas de manière aléatoire », ajoute Mme Coupal. « En fait, nous clignons systématiquement moins des yeux lorsque des renseignements importants nous sont communiqués. »

Le lien entre l’activité oculaire et l’activité auditive

Dans le cadre de cette étude menée auprès d’une cinquantaine d’adultes, les personnes participantes étaient assises dans une pièce insonorisée, les yeux fixés sur une croix affichée à l’écran. Elles devaient écouter de courtes phrases diffusées dans un casque audio, tandis que le niveau de bruit de fond (le rapport signal-bruit, ou RSB) variait de faible à fort.

À l’aide de lunettes de suivi oculaire, l’équipe de recherche a enregistré tous les clignements d’yeux – ainsi que leur moment exact – des personnes participantes pendant qu’elles écoutaient les phrases. Chaque essai a ensuite été divisé en trois fenêtres temporelles, soit avant, pendant et après l’écoute de la phrase.

L’équipe a découvert que la fréquence des clignements diminuait systématiquement lorsque les personnes participantes écoutaient une phrase, comparativement aux périodes se déroulant immédiatement avant et après. Cette diminution était particulièrement prononcée en présence de bruit intense, ce qui rendait les paroles extrêmement difficiles à comprendre.

Dans le cadre d’une expérience subséquente, l’équipe de recherche a mesuré la fréquence des clignements en fonction de différents rapports signal-bruit dans des pièces où l’éclairage variait entre l’obscurité, une luminosité moyenne et une luminosité intense. Le même schéma a été observé. Ce résultat montre que ce sont les exigences cognitives qui déterminent la fréquence des clignements, et non la quantité de lumière qui atteint l’œil.

Bien que l’équipe ait constaté que la fréquence des clignements variait d’un sujet à l’autre (certaines personnes clignaient aussi peu que 10 fois par minute, tandis que d’autres pouvaient cligner jusqu’à 70 fois par minute), la tendance générale était visible et notable.

La plupart des études antérieures établissant un lien entre la fonction oculaire et l’effort cognitif se concentraient sur la mesure de la dilatation de la pupille (pupillométrie) et considéraient les clignements comme des éléments nuisibles devant être exclus des données. Dans ce cas-ci, l’équipe de recherche a réanalysé les données pupillométriques existantes afin de déterminer plus précisément le moment et la fréquence des clignements. Les conclusions de l’étude confirment que la fréquence des clignements peut servir de mesure pratique et peu contraignante pour évaluer la fonction cognitive, tant en laboratoire que dans des conditions réelles.

« Notre étude donne à penser que le clignement des yeux est associé à une perte d’informations, tant visuelles qu’auditives », affirme Mickael Deroche, coauteur de l’étude et professeur agrégé au Département de psychologie.

« C’est probablement pour cette raison que nous limitons le clignement des yeux lorsque des renseignements importants nous sont communiqués. Cependant, pour pouvoir l’affirmer hors de tout doute, nous devons définir avec précision le moment et le schéma correspondant à la perte d’informations visuelles et auditives pendant un clignement. Il s’agit de la prochaine étape logique, et une étude est d’ailleurs en cours sous la direction de la postdoctorante Charlotte Bigras. Cela dit, ces résultats sont loin d’être anodins. »

Cette recherche a été réalisée en collaboration avec Yue Zhang.

Lisez l’article cité : « Reduced Eye Blinking During Sentence Listening Reflects Increased Cognitive Load in Challenging Auditory Conditions »


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