Au lieu de sattaquer frontalement aux tumeurs, une équipe internationale de chercheurs de lUniversité de Genève (UNIGE) et du Amsterdam UMC, location VUmc à Amsterdam a choisi den réguler la vascularisation en intervenant sur un récepteur cellulaire surexprimé dans les cellules cancéreuses. En agissant sur le développement des vaisseaux sanguins au sein même de la tumeur, les scientifiques espèrent pouvoir délivrer les traitements de façon extrêmement précise, et même au besoin « couper les vivres » à la tumeur, un peu comme on fermerait un robinet. Une recherche à découvrir dans le British Journal of Cancer.
Les chercheurs genevois et hollandais ont étudié le mécanisme qui permet la croissance des nouveaux vaisseaux sanguins à lintérieur des tumeurs. Ils ont ainsi constaté quun récepteur de linsuline était surexprimé dans la vascularisation de la tumeur, ouvrant la voie au développement dun traitement très ciblé du cancer. «Sur la base dune étude génomique, nous avons découvert le rôle joué par le récepteur de linsuline INSR-A dans le processus de formation des vaisseaux sanguins. Une molécule ciblant précisément ce récepteur nous permet donc de moduler la croissance tumorale, voire de la bloquer complètement», senthousiasme Patrycja Nowak-Sliwinska, professeure assistante à la section des sciences pharmaceutiques de la Faculté des sciences de lUNIGE et première auteure de létude.
Au terme de plusieurs années de recherche, les chercheurs ont pu confirmer cette découverte par des expériences menées tant in vitro quin vivo. Ils espèrent désormais développer une molécule spécifique avec laide dun partenaire industriel.
Des comparaisons sur onze types de tumeurs
Lun des points forts de cette recherche est donc bien sa capacité à cibler précisément lendothélium des tumeurs, soit la couche la plus interne des vaisseaux sanguins en contact avec le sang, tout en épargnant les cellules saines. Pour sen assurer, les chercheurs ont en effet comparé des coupes de tissus sains et malades pour onze différents types de tumeurs localisées dans des zones du corps ou des organes distincts, tels que reins, colon ou seins. En recourant à des techniques de colorisation, ils ont pu confirmer in vitro que le groupe de gènes considéré intervient dans le développement des vaisseaux à lintérieur des tumeurs, mais pas dans les tissus sains. En ciblant le récepteur INSR-A qui en permet lexpression, ils se dotent donc dun outil qui leur permet de réguler avec précision la vascularisation des tumeurs, sans déclencher les mêmes mécanismes dans les cellules saines.
Pas dattaque frontale
Limportance des récepteur dinsuline INSR-A comme cible pour le traitement du cancer soulignée par cette recherche réside aussi dans lapproche indirecte de la maladie quelle permet. «Lorsquon sattaque directement aux cellules cancéreuses, léchec est fréquemment au rendez-vous, car chaque intervention peut entraîner un changement de comportement de la tumeur ; ces dernières sont génétiquement instables, elles peuvent muter et devenir résistantes aux traitements» ,explique Arjan W. Griffioen, directeur du laboratoire dangiogenèse du Amsterdam UMC, location VUmc. En intervenant sur les cellules endothéliales et en ciblant la vascularisation dont elles sont responsables, les chercheurs évitent dattaquer frontalement la tumeur. «On nagit pas directement sur le cancer, mais on a trouvé le robinet qui régule la vascularisation des cellules cancéreuses», concluent les chercheurs.
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Journal
British Journal of Cancer