News Release

L'obsolescence des systèmes de distribution de vaccins limite les effets de la vaccination dans le monde, affirment certains chercheurs

De récentes études affirment que les ruptures de stock systématiques et l'exposition à la congélation comptent parmi les problèmes rencontrés par les chaînes d'approvisionnement en vaccins c

Peer-Reviewed Publication

Burness

SEATTLE, 30 mars 2017--Les auteurs d'une série de nouveaux articles publiés ce jour dans la revue Vaccine affirment queles systèmes obsolètes d'approvisionnement et de distribution de vaccins retardent et limitent les effets des vaccins en matière de protection de la santé des populations.Les chercheurs ont identifié plusieurs obstacles empêchant un approvisionnement continu et efficace en vaccins , notamment : un pays sur trois dans le monde subit au moins une rupture de stock pour un vaccin pendant un mois minimum; et entre 19 et 38 pourcent des vaccins dans le monde sont accidentellement exposés à des températures négatives, ce qui compromet potentiellement leur efficacité.

Certains pays apportent certains changements et adoptent de nouvelles technologies telles que des réfrigérateurs solaires sans batterie et des systèmes de distribution alors repensés. Selon les auteurs de cette étude, ces mesures permettent d'augmenter la disponibilité des vaccins et la couverture vaccinale, et ce, même dans les régions les plus isolées.

L'ensemble des 29 articles fait partie d'un hors-série de la revueVaccine coordonné par l'organisation à but non lucratif en santé publique PATH--avec la participation d'experts de la Fondation Bill & Melinda Gates, de l'UNICEF et de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health-- qui identifie les défis et les obstacles potentiels des pays et leur propose des solutions afin de moderniser leurs chaînes d'approvisionnement en vaccins.

« Il existe beaucoup trop de régions dans le monde où les personnes qui en ont le plus besoin n'ont pas accès aux vaccins », explique Steve Davis, PDG de PATH. « Il nous faut exercer les mêmes efforts colossaux pour la distribution des vaccins que ceux déployés pour leur développement ».

D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les vaccins préviennent environ deux à trois millions de décès par an, mais 1,5 millions supplémentaires pourraient être évités en améliorant la couverture vaccinale mondiale. En 2015, près de 19,4 millions de nourrissons dans le monde n'ont pas été vaccinés.

« Nous devons agir pour combler ce manque de vaccination », déclare le Dr MatshidisoMoeti, Directeur régional de l'OMS pour l'Afrique. « La réalisation de l'objectif du Plan d'action mondial pour la vaccination, offrant un accès universel à la vaccination d'ici 2020 serait bénéfique pour la santé de millions d'africains ».

Les chaînes d'approvisionnement en vaccins, à savoir l'ensemble du personnel, des véhicules et des données nécessaires pour transporter en toute sécurité les vaccins du fabricant aux populations qui en ont besoin, ont été élaborées à la fin des années 1970 avec la création du Programme élargi de vaccination.

Cependant, depuis 2010, les services de vaccination se sont élargis, incluant de nouveaux vaccins. Selon l'OMS, les programmes de vaccination stockent et transportent l'équivalent de quatre fois le volume de vaccins et les professionnels de santé administrent jusqu'à six fois plus de doses par personne, notamment aux enfants, adolescents et aux adultes.

« L'accès à des vaccins indispensables est toujours limité à beaucoup trop d'enfants à cause de chaînes d'approvisionnement obsolètes ou inefficaces », ajoute le Dr Seth Berkley, Directeur général de Gavi, l'Alliance du Vaccin. « Si de sérieux changements et améliorations ne sont pas apportés immédiatement, les pays ne disposeront pas de systèmes leur permettant de protéger la prochaine génération d'enfants, en particulier les plus vulnérables ».

Obstaclesen matière de chaînes d'approvisionnement : les ruptures de stock

Une étude de la revue Vaccine a conclu que, chaque année, un pays sur trois dans le monde subit une rupture de stock pour au moins un vaccin pendant un mois minimum. Ce constat est plus prononcé en Afrique sub-saharienne, où 38 pourcent des pays sont touchés par des ruptures de stock. Les vaccins les plus concernés sont le diphtérie-tétanos-coqueluche (DTC) et le vaccin bilié de Calmette et Guérin (BCG) contre la tuberculose, qui représententrespectivement 43 pourcent et 31 pourcentdes ruptures de stock signalées.

Les chercheurs de l'OMS et de l'UNICEF ont observé que lorsqu'une rupture de stock survient au niveau national, il y a 89 pourcent de risques que les services de transport des vaccins soient compromis.

Les auteurs de l'étude ont utilisé des données issues du formulaire de rapport conjoint OMS/UNICEF et de l'outil de prévision relatif aux vaccins de l'UNICEF afin d'effectuer une analyse approfondie dans 194 états membres de l'OMS. En recherchant les principales causes de rupture de stocks, ils ont conclu que dans 80 pourcent des cas, ces dernières étaient imputables à des retards de subvention du gouvernement et au niveau des processus d'approvisionnement, à de mauvaises prévisions et à une mauvaise gestion des stocks.

« Dans de trop nombreux pays, il est quasiment impossible de recueillir et d'exploiter des données pour prévoir les besoins en vaccins et les transporter au bon moment au bon endroit », affirme le Dr Jean Marie Okwo-Bele, directeur du département vaccination, vaccins et produits biologiques à l'OMS. « Il existe pourtant des innovations, tels que les systèmes de données électroniques faisant partie d'études pilotes et déployés à plus grande échelle dans les pays en développement, qui pourraient et devraient être adoptés à une plus grande échelle ».

Obstacles en matière de chaînes d'approvisionnement : des vaccins trop froids

Bon nombre de vaccins peuvent perdre de leur efficacité s'ils sont exposés trop longtemps à des températures autres que celles spécifiées dans les recommandations, soit entre 2 et 8 °C. La « chaîne du froid » des vaccins s'efforce de maintenir des températures appropriées depuis les installations du fabricant jusqu'aux entrepôts de stockage, centres de santéet établissements de vaccination.

Une revue de littérature menée par l'UNICEF et rassemblant 45 études qui évaluent la température des vaccins dans diverses régions du mondea conclu que 33,3 pourcent des unités de stockage dans les pays développés et 37,1 pourcent dans les pays en développement contenaient des vaccins qui avaient été exposés à des températures inférieures aux recommandations. La proportion des cargaisons de vaccins exposées à des températures inférieures aux recommandations était de 38 pourcent dans les pays développés, par rapport à 19,3 pourcent dans les pays en développement.

Bien que le gaspillage suscite d'autres inquiétudes, les auteurs de l'étude affirment que le problème le plus conséquent réside dans le nombre d'incidents de congélation qui passent inaperçus, exposantdes populations pourtant vaccinées à des épidémies. Les auteurs donnent des exemples en Micronésie (épidémie de rougeole en 2014 dans un pays connu pour des ruptures de la chaîne du froid lors du transport), en Mongolie (augmentation du nombre de cas d'hépatite B pendant la période hivernale), et aux États-Unis (augmentation du nombre de cas de coqueluche dans les régions disposant d'un pourcentage plus élevé de réfrigérateurs permettant la congélation).

« Une plus grande utilisation des alarmes en cas de congélation et un contrôle rigoureux et fréquent des températures sont indispensables pour que tous les enfants aient accès à des vaccins efficaces », explique le Dr Robin Nandy, conseiller principal et responsable de la vaccination à l'UNICEF. « À long terme, nous devons œuvrer pour le développement de produits capables de mieux supporter les variations de température ».

Des problèmes solubles

Selon des auteurs de l'étude, la majorité des pays reconnaissent que les chaînes d'approvisionnement en vaccins doivent être renforcées, mais seuls quelques-uns envisagent d'autres manières d'utilisation deschaînes d'approvisionnement pour améliorer la couverture vaccinale, et ce, principalement en raison du manque de preuves reliant ces améliorations à des augmentations de la couverture vaccinale et de l'équité en matière de santé. Avec ce hors-série, la revueVaccine rassemble les toutes dernières preuves qui démontrent que des chaînes d'approvisionnement repensées mènent effectivement à une meilleure couverture ; sont également décrit le fonctionnement des chaînes d'approvisionnement dites de « nouvelle génération » et les coûts liés aux améliorations substantielles qui pourraient être apportées. En voici quelques exemples :

  • Des chaînes d'approvisionnement repensées qui emploient du personnel spécifiquement formé et adoptent des systèmes de distribution rationalisés ont quasiment éliminé les ruptures de stock au niveau de la prestation de service, contribuant ainsi à augmenter la couverture vaccinale au Mozambique et au Nigeria.
  • De nouveaux systèmes de données électroniques faisant l'objet d'études pilotes et déployés dans des pays en développement, tel qu'un système novateur de suivi sur téléphone à UttarPradesh en Inde, ont permis de réduire les ruptures de stock.
  • Les vaccins certifiés thermotolérants ont permis aux professionnels de santé de plusieurs pays de transporter des vaccins vers des régions plus isolées sans dispositif de réfrigération.
  • De nouveaux programmes de formation ont permis à des pays comme le Bénin d'embaucher des gestionnaires de chaînes d'approvisionnement compétents pour orchestrer les systèmes de distribution et encadrer les professionnels de santé. Ainsi, le niveau de satisfaction des professionnels de santé a augmenté et le nombre de ruptures de stock a drastiquement diminué.

« La vaccination est l'une de nos plus grandes réussites de santé publique, mais des vaccins sûrs et efficaces ne se distribuent pas tous seuls », affirme le Dr. Orin Levine, directeur de la distribution des vaccins à la Fondation Bill & Melinda Gates. « Avec le soutien durable et visible des responsables nationaux et locaux, chaque communauté peut disposer de systèmes modernes qui distribuent des vaccins indispensables de manière fiable à quiconque en a besoin ».

###

Le hors-série de Vaccine, intitulé « Building NextGenerationImmunizationSupplyChains » (Construire des chaînes d'approvisionnement de vaccins de nouvelle génération), est parrainé par la Fondation Bill & Melinda Gates.

À propos de PATH

PATH est le leader de l'innovation dans le domaine de la santé mondiale. En tant qu'organisation internationale à but non lucratif, nous sauvons des vies et améliorons la santé, en particulier celle des femmes et des enfants. Nous nous intéressons à cinq secteurs dans le domaine de la santé qui nous permettent d'exprimer pleinement à la fois notre esprit d'entreprise, notre expertise tant de la santé publique que scientifique ainsi que notre passion pour un accès équitable à la santé. Nous accélérons l'innovation dans le domaine des vaccins, des médicaments, des diagnostics, des appareils et des systèmes et services. Nous innovons à grande échelle, en collaborant avec des pays principalement africains et asiatiques pour répondre à leurs besoins sanitaires primordiaux. Ensemble, nous produisons des résultats mesurables qui brisent l'engrenage de la maladie. Pour en savoir plus, rendez-vous sur http://www.path.org.


Disclaimer: AAAS and EurekAlert! are not responsible for the accuracy of news releases posted to EurekAlert! by contributing institutions or for the use of any information through the EurekAlert system.