Ce communiqué est disponible en anglais.
Montréal, le 14 janvier 2016 - Imaginez que votre système immunitaire puisse être éduqué pour être capable de reconnaitre des maladies spécifiques et ainsi les détruire. De la science-fiction ou tout au moins de l'anticipation ? Plus maintenant.
Santé Canada a en effet récemment approuvé pour la première fois au Canada un projet clinique pour une étude de phase I visant à traiter des lymphomes associés au virus EBV (virus d'Epstein-Barr) par le biais d'une immunothérapie adoptive cellulaire spécifique contre le virus. C'est le Dr Jean-Sébastien Delisle, professeur à la Faculté de médecine de l'UdeM, et son équipe du Centre d'excellence en thérapie cellulaire (CETC) et du Centre de recherche de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont (CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal),, qui piloteront ces essais.
En simple, en adaptant des méthodes initialement développées aux États-Unis au CETC, le projet vise à redonner aux patients immuno-supprimés les moyens immunitaires de combattre le virus EBV. Ce virus dont la plupart des gens sont porteurs et qui cause la mononucléose chez une personne saine, peut causer des lymphomes mortels, notamment chez un patient immuno-supprimé.
« Nous commençons par l'EBV, a déclaré le Dr Delisle, mais une fois la preuve faite que ce produit cellulaire est sécuritaire, nous pourrons nous attaquer à tous les virus qui peuvent mettre en péril la santé des patients et à d'autres cibles, par exemple celles qu'expriment les tumeurs.»
Comment ?
Des cellules sont prélevées et mises en culture pendant près de deux semaines. Cette culture, combinée avec divers stimulants, permet de ne stimuler que les cellules qui sont à même de reconnaitre le virus ciblé. Cette sorte de super-soupe de lymphocytes T répondant très fortement au virus, constitue alors une véritable armée contre le virus. Prête à la bataille, elle est ensuite injectée au patient.
Une première phase cruciale
La première phase des essais qui vient de recevoir le feu vert de Santé Canada a pour objectif de s'assurer que le traitement soit bien toléré par les patients. Cependant, elle fournira aussi des indices précieux sur les effets bénéfiques du traitement. Si l'effet primaire est de combattre la réapparition du virus, il faut aussi savoir qu'EBV est aussi oncogène: il peut provoquer l'apparition de cellules cancéreuses. Il y a donc un effet additionnel, celui de réduire les risques de rechute ou transformation. Bien que le Dr Delisle ait stratégiquement entamé les essais contre le virus EBV, une fois la sécurité chez les patients démontrée, la même production pourra être appliquée à n'importe quel virus commun et il est même envisageable d'éduquer la culture cellulaire contre plusieurs virus à la fois et envisager ainsi une solution "tout-en-un".
À propos du CETC
Le CETC, l'un des plus important centre de thérapie cellulaire au pays, est à l'avant-garde de la recherche sur les cellules souches, le système immunitaire et le cancer. L'objectif premier est de mettre au point des traitements pour différentes maladies, comme la leucémie, les lymphomes, les myélomes, la dégénérescence maculaire, la reconstruction articulaire, le diabète, la maladie de Parkinson et la maladie d'Alzheimer. Il joue également un rôle majeur dans la formation de jeunes chercheurs et établit un pont entre la recherche fondamentale et la recherche clinique.
À propos du CIUSSS de l'Est-de l'Île-de-Montréal
Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l'Est-de-l'Île-de-Montréal (CIUSSS-Est) regroupe l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, l'Hôpital Santa Cabrini, l'Institut Canadien-Polonais du Bien-Être et l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, de même que les centres de santé et services sociaux de Saint-Léonard et de Saint-Michel, de la Pointe-de-l'Île et Lucille-Teasdale. Affilié à l'Université de Montréal, le CIUSSS-Est conjugue les missions d'enseignement, d'évaluation et de recherche avec la formation de médecins et professionnels de la santé.