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Séisme de magnitude 7,5 en Indonésie : une vitesse de propagation inhabituelle

Séisme de magnitude 7,5 en Indonésie : une vitesse de propagation inhabituelle

Peer-Reviewed Publication

Institut de recherche pour le développement

Analyses of Palu Earthquake

image: On the area map on the left, the colored background is the ground displacement induced by the Palu earthquake and the thin black line is the fault, both derived from satellite radar images. The black dot is the city of Palu. The circles are spots that radiated waves during the earthquake; their color indicates time (blue at the beginning, red at the end). The right figure shows the timing and position of these earthquake radiators. Their alignment indicates a steady earthquake speed of about 4.1 km/s view more 

Credit: © Han Bao <em>et al</em>., <em>Nature Geoscience</em>

Les tremblements de terre se produisent lorsque les roches situées de part et d'autre d'une faille tectonique se déplacent brusquement dans des directions opposées. La faille produit alors deux ondes sismiques principales : les ondes « S », qui cisaillent les roches et se propagent à environ 3,5 km/s, et les ondes « P », qui compriment les roches et se propagent plus rapidement, à environ 5 km/s.

Les observations géophysiques montrent que les tremblements de terre se propagent généralement soit plus lentement que les ondes « S », soit presque aussi vite que les ondes « P ». Les séismes plus rapides que les ondes « S », appelés « supershear », sont très rares et peuvent produire de très fortes secousses. Seuls quelques-uns ont été observés. Ils se sont produits sur des failles remarquablement rectilignes, sortes « d'autoroutes géologiques » qui présentent peu d'obstacles à la propagation.

Domaine de vitesse « interdit »

Dans cette étude, l'équipe internationale, coordonnée par Jean-Paul Ampuero, sismologue à l'IRD et à Université Côte d'Azur , a analysé le séisme de magnitude 7,5 qui a secoué l'île de Sulawesi en Indonésie le 28 septembre 2018, dévastant la région de Palu. L'impact de l'événement - plus de 2000 morts - a été aggravé par une séquence d'effets secondaires : liquéfaction du sol, glissements de terrain et tsunami.

Grâce à une analyse haute résolution de données sismologiques, les chercheurs ont identifié la vitesse de propagation du tremblement de terre : 4,1 km/seconde. Une vitesse inhabituelle, puisque comprise entre la vitesse des ondes « S » et celle des ondes « P ». « C'est la première fois que l'on observe cette vitesse de rupture de manière aussi stable », souligne Jean-Paul Ampuero. « Ce séisme entre donc dans le domaine de vitesse « interdit » et peut être considéré comme un événement « supershear », même s'il n'est pas aussi rapide que les précédents ».

En analysant les images optiques et radar enregistrées par des satellites spécialement chargés d'observer les conséquences du séisme, les chercheurs ont ensuite déterminé le trajet de la faille. Ils ont constaté que la faille n'était pas rectiligne - elle présentait au moins deux courbes majeures - et qu'elle avait décalé le sol de plus de 5 mètres à travers la ville de Palu. « Ce trajet, présentant des obstacles importants, aurait dû réduire la vitesse de propagation, mais elle s'est maintenue à 4,1 km/s le long des 150 km de rupture », s'étonne Jean-Paul Ampuero.

Vers une meilleure anticipation des séismes futurs ?

Ces résultats défient les modèles actuels de tremblements de terre. Ils pourraient aider les chercheurs et les pouvoirs publics à mieux se préparer aux événements futurs. « Dans les modèles classiques de tremblement de terre, les failles vivent dans des roches intactes idéalisées », précise Jean-Paul Ampuero. « Les failles réelles sont enveloppées dans une couche de roches fracturées et ramollies par les tremblements de terre précédents. Des ruptures à des vitesses qui sont inattendues sur des roches intactes peuvent en réalité se produire sur des roches endommagées, parce que les ondes sismiques s'y propagent plus lentement ».

Le séisme de Palu pourrait ainsi constituer le premier test de ces modèles récents. Des études de l'architecture de la faille et de sa zone de roches endommagées doivent pour cela être réalisées. Puisque l'impact d'un séisme dépend fortement de sa vitesse, les chercheurs suggèrent d'étendre ces études à d'autres failles dans le monde, afin de mieux anticiper les effets des séismes.

L'équipe de chercheurs envisage de poursuivre ses travaux, pour déterminer si la vitesse du séisme de Palu a favorisé les glissements de terrain côtiers et sous-marins, qui auraient à leur tour pu contribuer au tsunami.

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