MONTRÉAL, le 29 mars 2017 Une nouvelle étude a permis de mettre au jour un marqueur cérébral dune vulnérabilité à la psychose. Une équipe de recherche dirigée par lUniversité de Montréal et le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine a établi quune réponse émotionnelle exagérée du cerveau à des signaux pourtant non menaçants et non liés aux émotions est un facteur prédictif de lémergence de symptômes psychotiques durant ladolescence. Cette étude a été publiée le 21 mars dans la revue American Journal of Psychiatry.
Cette conclusion concorde parfaitement avec les hypothèses de la manifestation des premiers symptômes de la psychose. «Les idées délirantes et les idées de persécution qui apparaissent graduellement sont un moyen qua trouvé le cerveau pour pallier la tendance dun individu à attribuer une importance émotive exagérée aux signaux non menaçants et neutres de son environnement», explique la première auteure de létude, Josiane Bourque, étudiante au doctorat au Département de psychiatrie de lUniversité de Montréal.
La découverte a dimportantes répercussions cliniques sur lidentification précoce de jeunes touchés par cet état de vulnérabilité. «Nous avons été capables de détecter des anomalies dans lactivité du cerveau dadolescents bien avant lapparition de symptômes psychotiques qui pourraient nécessiter une intervention médicale, et avant lâge typique où la consommation de substances peut devenir problématique, mentionne la professeure au Département de psychiatrie de lUdeM Patricia Conrod, qui a dirigé cette étude. Il reste à déterminer sil nous est possible de modifier cette réponse exagérée aux signaux non menaçants en thérapie préventive et de voir quels seraient les bienfaits potentiels de cette thérapie chez les jeunes en situation de vulnérabilité. Cest quelque chose que nous voulons étudier dès maintenant.»
Les marqueurs du cerveau
Léquipe de la professeure Conrod a suivi plus de 1000 jeunes Européens âgés de 14 ans qui faisaient partie de la cohorte bien connue IMAGEN (Imaging Genetics for Mental Disorders). Elle a mesuré lactivité cérébrale des adolescents pendant quils effectuaient différentes tâches cognitives destinées à évaluer leur sensibilité à la récompense, leur capacité dinhibition ainsi que le traitement de visages aux expressions émotionnelles et de visages sans émotion. De plus, les adolescents ont rempli des questionnaires sur la présence de symptômes psychiatriques à 14 et 16 ans. Tout dabord, léquipe a sélectionné un groupe de jeunes de 14 ans qui rapportaient avoir déjà eu des expériences psychotiques et a montré que ce groupe réagissait aux visages sans émotion comme sils étaient chargés dun fort contenu émotionnel. Ensuite, suivant une approche dapprentissage artificiel, les chercheurs ont testé si lactivité cérébrale mesurée à lâge de 14 ans annonçait lémergence de symptômes psychotiques avérés deux ans plus tard dans lensemble de la cohorte.
Les résultats de létude
À 16 ans, six pour cent de ces jeunes disaient avoir déjà eu des hallucinations visuelles ou auditives ainsi que des idées délirantes. Les chercheurs ont trouvé que le fait davoir vécu certaines expériences psychotiques au préalable et davoir consommé de la marijuana avant 16 ans combiné avec une réponse exagérée du cerveau à des visages neutres dès lâge de 14 ans permettaient de désigner ceux qui allaient présenter des symptômes psychotiques à 16 ans.
Vers de nouvelles stratégies dintervention?
«Nos recherches révèlent que la vulnérabilité à la psychose peut être cernée de façon très précoce à ladolescence, ce qui est très encourageant sur le plan de la prévention. Comme la psychose se développe typiquement au début de lâge adulte, lidentification précoce de jeunes à risque nous offre une vaste fenêtre de temps pour intervenir sur les comportements à risque et sur les processus clés à lorigine de la maladie, explique Patricia Conrod, qui est aussi chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine. Notre équipe espère donc que cette étude va guider la création de nouvelles stratégies dintervention pour les jeunes avec une vulnérabilité à la psychose dont ils pourraient bénéficier avant que les symptômes avérés de la maladie se déclenchent », conclut-elle.
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À propos de létude
Functional Neuroimaging Predictors of Self-Reported Psychotic Symptoms in Adolescents, American Journal of Psychiatry, 21 mars 2017.
Cette étude a été financée par de nombreux organismes publics. Vous trouverez la liste complète à la fin de larticle scientifique. DOI: 10.1176/appi.ajp.2017.16080897
Source: Centre de recherche du CHU Sainte-Justine
Journal
American Journal of Psychiatry