image: Sampling snow covered with "glacier blood." view more
Credit: © Jean-Gabriel VALAY/JARDIN DU LAUTARET/UGA/CNRS
Cest un océan blanc situé bien au-dessus du niveau de la mer, où la vie, invisible à lil nu, fourmille. Seuls les randonneurs qui parcourent les montagnes à la fin du printemps la devinent lorsquils rencontrent des étendues de neige étonnamment teintées de nuances docre, dorange, de rouge. Surnommée « sang des glaciers », cette coloration est le résultat de la forte multiplication ponctuelle (ou bloom) de micro-algues qui habitent la neige.
Mais ce phénomène impressionnant mis à part, les détails de la vie et de lorganisation des communautés de micro-algues des montagnes restent secrets. Cest un écosystème encore méconnu, maintenant menacé par le réchauffement climatique, qui doit être exploré. Le consortium Alpalga* a pour objectif de répondre à ce défi en organisant et en mutualisant les efforts de recherche sur les micro-algues des neiges. Celui-ci a déjà reçu le soutien de lAgence nationale de la recherche et de la Kilian Jornet Foundation.
Dans une première étude ayant impliqué trois laboratoires** du consortium, des chercheurs et chercheuses ont établi la première carte de répartition en altitude des micro-algues des neiges. En effet, à la manière de létagement de la végétation que lon peut observer en montagne, les différentes espèces dalgues résident à différentes altitudes. En particulier, le genre Sanguina qui donne une couleur rouge caractéristique aux neiges, na été retrouvé quà partir de 2000 mètres d'altitude. Les micro-algues vertes Symbiochloris, quant à elles, ne vivent quaux altitudes inférieures à 1500 mètres.
Obtenus en prélevant de lADN sur cinq sites alpins, ces résultats formeront les fondations sur lesquelles Alpalga bâtira ses travaux. Les scientifiques tenteront de répondre à des questions fondamentales comme : quelles sont toutes les espèces de micro-algues peuplant la neige ? Comment ces organismes résistent-ils à des conditions de température et densoleillement aussi extrêmes ? Le réchauffement climatique favorise-t-il les blooms ? Quel est leffet des blooms sur la fonte des neiges ? Avec lobjectif détudier cet écosystème en cours de transformation pour le faire connaître et le protéger.
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*- Le consortium regroupe des chercheurs et chercheuses du Laboratoire de physiologie cellulaire et végétale (CNRS/CEA/INRAE/Université Grenoble Alpes), du Laboratoire d'écologie alpine (CNRS/UGA/Université Savoie Mont Blanc), du Jardin du Lautaret : découverte et sciences (CNRS/UGA), de lInstitut des géosciences de l'environnement (CNRS/IRD/UGA) et du Centre détude de la neige du Centre national de recherches météorologiques (Météo-France/CNRS).
**- Le Laboratoire de physiologie cellulaire et végétale (CNRS/CEA/INRAE/Université Grenoble Alpes), le Laboratoire d'écologie alpine (CNRS/UGA/USMB) et le Jardin du Lautaret : découverte et sciences (CNRS/UGA).
Journal
Frontiers in Plant Science