Vous est-il déjà arrivé, une demi-heure durant, de tenter de faire garder la pose à vos animaux de compagnie pour en prendre un cliché parfait, sans succès? Les chercheurs ont exactement le même problème lors de la réalisation de tomographies par émission de positons (TEP) chez les petits animaux. Pour cette raison, lanesthésie est largement utilisée en imagerie animale. Il sagit de lune des principales limitations des études dimagerie, puisque lanesthésie altère létat physiologique normal de lanimal, ce qui jette un flou sur les réponses aux questions que bon nombre de chercheurs se posent.
Grâce aux efforts conjoints de lUniversité McGill et de lUniversité dAnvers, en Belgique, cet état de fait nest plus inéluctable. Une étude récente, publiée dans la revue NeuroImage par des chercheurs du Centre dimagerie moléculaire dAnvers (MICA, pour Molecular Imaging Center Antwerp) et de lInstitut universitaire en santé mentale Douglas de lUniversité McGill, décrit une nouvelle plateforme dimagerie par TEP capable deffectuer simultanément un balayage de plusieurs animaux éveillés.
Cette plateforme utilise un algorithme qui suit les mouvements de la tête dun seul animal, mis au point par les chercheurs Alan Miranda et Jeroen Verhaeghe du MICA. Grâce à une collaboration avec des spécialistes dimagerie du Neuro (Institut et hôpital neurologiques de Montréal), et des chercheurs de lInstitut Douglas, les scientifiques ont réussi à faire le suivi simultané des mouvements de deux animaux par un appareil de TEP. « Nous pensons que notre découverte marquera laube dune nouvelle ère pour la recherche en imagerie par TEP chez les petits animaux, dans laquelle les chercheurs pourront enfin réaliser des expériences quils souhaitaient effectuer depuis longtemps », explique Pedro Rosa-Neto, professeur agrégé aux départements de neurologie et neurochirurgie et de psychiatrie ainsi que chercheur au Laboratoire de neuroimagerie translationnelle (LNT) de lUniversité McGill.
Auparavant, les méthodes mises au point pour éviter davoir recours à lanesthésie nécessitaient des capteurs externes ou limplantation chirurgicale dappareils permettant le balayage du cerveau des animaux en mouvement. La nouvelle méthode, rendue possible grâce à une collaboration entre le professeur Rosa-Neto et ses collègues, offre par conséquent un moyen moins effractif de réaliser des études dimagerie, et permet aux animaux dinteragir de façon « naturelle » pendant les balayages.
« Depuis le début, notre objectif était de développer une approche pratique afin de faire de limagerie sans anesthésiant. Après plus de trois ans de travail, nous avons réussi à développer une approche pouvant être facilement mise en place afin que les scientifiques puissent sintéresser à des phénomènes biologiques plutôt que de sattarder à divers enjeux techniques reliés à la méthode dimagerie », dit Jeroen Verhaeghe, professeur au Centre dimagerie moléculaire dAnvers et à lUniversité dAnvers.
Grâce à cette plateforme novatrice, le LNT et le MICA poursuivent leur collaboration et espèrent trouver les réponses à des questions qui taraudent les scientifiques depuis longtemps, ce qui est notamment le cas de la mesure dans laquelle les cellules du cerveau utilisent le glucose comme source principale dénergie. La nouvelle méthode de balayage pourrait aussi aider à comprendre les fondements neurochimiques de la compassion, de la peur, de lapprentissage et de la mémoire, chose impossible en faisant de limagerie en ayant recours à des anesthésiants.
Pour visionner une vidéo de la procédure de balayage : https://www.youtube.com/watch?v=oncBRBnqRQQ
Pour obtenir des renseignements complémentaires sur létude : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1053811919301600
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NeuroImage