image: The Ganges-Brahmaputra-Meghna delta as seen from the European Space Agency (ESA) Envisat satellite. The image was taken on November 8, 2003 and covers an area of around 633 x 630 km with a spatial resolution of 300 m. www.esa.int/ESA_Multimedia/Images/2005/03/The_Bangladesh_coastline_seen_by_Envisat view more
Credit: ESA, CC BY-SA 3.0 IGO (http://www.esa.int/spaceinvideos/Terms_and_Conditions)
Pour la première fois, des scientifiques fournissent des estimations fiables, à léchelle régionale, de laffaissement des terres et de la montée des eaux dans le delta du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna. Selon les régions du delta, la montée des eaux pourrait atteindre 85 à 140 cm en 2100. Ce travail, publié dans PNAS le 6 janvier 2020 par des scientifiques du CNRS, de lIRD, du BRGM, des universités de La Rochelle et des Antilles, de luniversité d'ingénierie et de technologie du Bangladesh et de luniversité dÉtat de lOhio (1), devrait nourrir études dimpact et plans dadaptation.
Cest le delta le plus vaste et le plus densément peuplé au monde (2), lun des endroits les plus vulnérables au changement climatique pourtant, lamplitude et limpact de la montée des eaux restent mal connus pour le delta du Gange-Brahmapoutre-Meghna. Cette zone, qui couvre les deux tiers du Bangladesh et une partie de lInde orientale, est déjà régulièrement sujette aux inondations, favorisées par lintensité des précipitations de mousson, lélévation du niveau marin, le débit des fleuves et laffaissement du sol. Il est cependant difficile de démêler ces différentes contributions. Par ailleurs, les prévisions réalisées jusquà présent se basent sur des mesures très locales du niveau des eaux.
Pour pallier ces difficultés, les chercheuses et chercheurs ont analysé les relevés mensuels de 101 stations mesurant le niveau des cours d'eau ou de la mer dans le delta. En agrégeant les données par zone géographique pour filtrer les effets locaux et compenser les différences de qualité entre stations, ils ont obtenu des estimations robustes des variations du niveau des eaux. Entre 1968 et 2012, il a augmenté de 3 mm/an en moyenne, soit légèrement plus que l'élévation moyenne du niveau marin à l'échelle mondiale (2 mm/an durant la même période).
Ils ont ensuite estimé la contribution de laffaissement du sol, obtenue en soustrayant au niveau marin absolu (3) les mesures du niveau deau relatif obtenues précédemment. Daprès leurs calculs, entre 1993 et 2012, le sol sest affaissé au maximum de 1 à 7 mm/an dans le delta. Bien que non négligeables, ces valeurs sont inférieures à certaines mesures locales (par exemple de 1 à 2 cm/an à Dhaka) qui étaient jusquà présent prises comme référence.
Si l'affaissement se poursuivait à la même vitesse, et même dans un scénario de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la montée des eaux dans le delta pourrait atteindre à la fin du siècle 85 à 140 cm, selon les zones, par rapport à la période 1986-2005. Soit le double des projections données par le dernier rapport du GIEC, qui ne prenaient pas en compte laffaissement des sols.
Ce travail devrait permettre de mieux anticiper la montée des eaux dans le delta du Gange-Brahmapoutre-Meghna, et ainsi daffiner les études dimpact et les scénarios dadaptation possible pour ses 200 millions dhabitants.
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Notes :
(1) Laboratoires impliqués : laboratoire Littoral, environnement et sociétés (CNRS/La Rochelle Université), Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales (CNRS/IRD/CNES/Université Toulouse III Paul Sabatier), Laboratoire de recherche en géosciences et énergies (Université des Antilles), BRGM Orléans, Institute of Water and Flood Management (Bangladesh University of Engineering and Technology), ainsi que lUniversité dOhio (États-Unis) et lAcadémie chinoise des sciences.
(2) Plus de 1000 habitants par km².
(3) Réalisées par satellite depuis les années 1990, selon la technique daltimétrie radar.
Journal
Proceedings of the National Academy of Sciences