News Release

Maladie d'Alzheimer : Pourquoi la personne ne reconnaît plus ses proches? Résultats de recherche sur la perception des visages

New findings from face perception research

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal

Montréal, 11 avril 2016 - Souffrir de la maladie d'Alzheimer, ce n'est pas seulement oublier des événements, c'est aussi ne plus reconnaître les personnes qui nous sont chères. Cette étape accroît le fossé séparant la personne atteinte de ses proches. Une étude vient de démontrer que la maladie d'Alzheimer, au-delà des troubles de la mémoire, touche également la perception visuelle des visages. Cette explication aide les proches à mieux comprendre ce moment douloureux, et pourrait aboutir à de nouvelles méthodes pour le retarder. Les travaux de l'équipe du Dr Sven Joubert, Ph. D., chercheur au Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal et professeur au Département de psychologie à l'Université de Montréal, seront publiés demain dans le Journal of Alzheimer's Disease.

La perception des visages joue un rôle fondamental dans la communication humaine. C'est pourquoi l'Homme a développé une expertise spécifique pour détecter et identifier très rapidement un visage. Cette faculté reposerait sur la capacité de percevoir un visage comme un tout. Cette perception globale se distingue d'une analyse locale et détaillée qui permet de percevoir les éléments individuels d'un visage (yeux, nez, bouche, etc.). La présente étude a démontré que la capacité à percevoir un visage de manière globale serait altérée par la maladie d'Alzheimer.

L'équipe de Montréal a étudié la capacité de percevoir des photographies de visages et de voitures à l'endroit et à l'envers, chez des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et chez des personnes âgées en bonne santé. Le Dr Joubert explique les résultats : « Les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ont obtenu des résultats semblables à ceux du groupe contrôle en ce qui concerne l'exactitude des réponses et la vitesse de traitement des visages et des voitures à l'envers. Pour ces tâches, le cerveau doit traiter les informations perçues par l'œil de manière analytique et locale, en analysant les différentes composantes de l'image. Par contre, les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer étaient beaucoup plus lentes et commettaient plus d'erreurs que les personnes en bonne santé pour les visages à l'endroit. Ceci nous porte à croire que c'est précisément la reconnaissance globale du visage qui est altérée. Par ailleurs, les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer avaient des performances normales en ce qui concernait la reconnaissance des voitures à l'endroit et à l'envers, ce qui suggère que les difficultés de perception visuelle concernent spécifiquement les visages dans la maladie. » Cet effet est d'autant plus surprenant qu'il est observé à un stade léger de la maladie.

L'étude du Dr Joubert permet de mieux expliquer la nature des difficultés rencontrées par les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer à reconnaître des personnes familières (personnes proches, personnalités connues, etc.). La mise en évidence que la difficulté à reconnaître les visages pourrait provenir d'une difficulté de perception globale, et non pas seulement d'un trouble de la mémoire, ouvre la voie à la mise en place d'autres types de stratégies pour que les patients reconnaissent leurs proches plus longtemps, tels que travailler sur la reconnaissance des particularités des visages ou s'appuyer sur d'autres sens (reconnaître la voix), etc.

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Référence

A qualitative impairment in face perception in Alzheimer's disease: Evidence from a reduced face inversion effect. Journal of Alzheimer's Disease JAD 51(4), 12 avril 2016 DOI: 10.3233/JAD-151027

Financement

Sven Joubert est chercheur-boursier senior des Fonds de recherche du Québec - Santé (FRQ-S). Sven Joubert et Isabelle Rouleau sont soutenus par la Société Alzheimer du Canada. Delphine Gandini a reçu une bourse postdoctorale des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et Guillaume Vallet détient une bourse postdoctorale des Fonds de recherche du Québec - Santé (FRQ-S). Bruno Rossion est soutenu par le Fonds national de la recherche scientifique de la Belgique et par une subvention BELSPO.

À propos de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM)

L'IUGM dispose de 446 lits de courte et de longue durée et d'un centre ambulatoire. Son centre de recherche est reconnu comme le plus grand de la francophonie dans le domaine du vieillissement. Membre du grand réseau d'excellence en santé de l'Université de Montréal, l'IUGM accueille chaque année des centaines d'étudiants, stagiaires et chercheurs. L'IUGM fait partie du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal.

À propos du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal

Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal (CIUSSS-CSMTL) est né le 1er avril 2015 de la fusion de dix établissements de santé et services sociaux situés sur l'île de Montréal. Il offre des services à une population de près de 300 000 Montréalais résidant dans la partie sud de l'île de Montréal, comprenant les arrondissements Ville-Marie, Verdun, Sud-Ouest, Plateau-Mont-Royal et, partiellement, Rosemont-La Petite-Patrie. De plus, il a la responsabilité régionale de plusieurs mandats, notamment de la réadaptation, des services jeunesse, de la santé publique et des mesures d'urgence. Le CIUSSS-CSMTL comporte une importante mission universitaire dont quatre instituts et deux centres affiliés universitaires dans différents secteurs de la santé et des services sociaux.


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