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Identifier les adolescents qui abusent de l'alcool avant qu'il ne soit trop tard

Des chercheurs ont découvert une série de facteurs qui déterminent, avec une précision de 70 %, quels adolescents deviendront des buveurs excessifs

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal

Ce communiqué est disponible en anglais.

MONTRÉAL, le 9 juillet 2014 – C'est en examinant 40 facteurs différents chez un adolescent de 14 ans, y compris la structure de son cerveau et ses fonctions cérébrales, sa personnalité, ses expériences de vie et sa génétique, que des chercheurs peuvent prédire avec une exactitude de 70 % s'il deviendra un buveur excessif au cours des deux années suivantes. L'impulsivité, le désespoir, l'attrait des sensations fortes, le manque de conscientisation et d'autres variables comme les événements vécus et des antécédents familiaux de consommation de drogue contribuent à rendre un jeune vulnérable à la consommation excessive d'alcool. Les chercheurs ont découvert que le fait d'avoir ou non pris une seule consommation alcoolisée à l'âge de 14 ans est un indicateur particulièrement puissant. En Amérique du Nord, un peu plus de 40 % des jeunes de 13 et 14 ans ont déjà consommé de l'alcool, et au Québec, 10 % des adolescents terminent le secondaire aux prises avec des problèmes de toxicomanie.

L'étude a été menée par le consortium IMAGEN, qui mène un projet de recherche en Europe sur les comportements risqués chez les adolescents. Patricia Conrod, de l'Université de Montréal et du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, a conçu la batterie d'évaluation initiale et la stratégie de recrutement des participants pour l'étude d'IMAGEN. Elle a également mis au point une échelle sommaire de la personnalité qui s'est révélée un très bon outil de prédiction des habitudes de consommation d'alcool à 14 et à 16 ans. Les principaux auteurs de l'article portant sur ce projet de recherche sont rattachés à l'Université du Vermont, à la University College Dublin et au Trinity College Dublin.

En tout, 2 400 jeunes européens de 14 ans ont participé à l'étude d'IMAGEN. En plus de parler des événements qu'ils ont vécus, de leur profil psychologique et de leur consommation d'alcool et de drogue, ces adolescents se sont soumis à un test d'imagerie par résonance magnétique (IRM) en jouant à un jeu (pour mesurer la réaction de leur cerveau aux sources de satisfaction) et en examinant des images de visages colériques (pour mesurer leur réactivité émotionnelle). L'équipe a constaté que les gyrus droit, précentraux et frontaux supérieurs sont les zones du cerveau les plus indicatrices d'une possible future consommation excessive d'alcool. Plus précisément, les jeunes à risque ont un volume de matière grise réduit, mais l'activité de leurs gyrus frontaux supérieurs s'accroît lorsqu'ils vivent une expérience satisfaisante. Leur cortex prémoteur comprend un volume accru de matière grise et s'active particulièrement lorsqu'ils ne s'imposent pas de restrictions. Les résultats de l'IRM ont contribué à confirmer les facteurs de risque relevés par les chercheurs.

Les conclusions de l'étude n'indiquent pas que la consommation excessive d'alcool est préprogrammée dans le cerveau, mais donnent aux professionnels qui interviennent auprès des jeunes des moyens pour repérer ceux qui ont besoin d'aide. « Les aspects de la personnalité qui se sont révélés hautement prédictifs sur le plan du comportement ont été évalués au moyen d'une échelle actuellement utilisée dans des écoles aux quatre coins de Montréal pour offrir une prévention ciblée aux jeunes à risque de consommation inappropriée d'alcool et de drogue, explique Mme Conrod. La consommation d'alcool à un jeune âge annonce fortement une dépendance à l'alcool à l'âge adulte. Chaque fois que l'on peut retarder la consommation d'alcool d'un an, le risque d'alcoolisme plus tard dans la vie est réduit de 10 %. Les interventions qui permettent de cibler correctement les jeunes à risque peuvent donc avoir des effets importants pour le reste de la vie de la personne. »

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À propos de cette étude

L'article « Neuropsychosocial profiles of current and future adolescent alcohol misusers » a été publié dans la revue Nature le 2 juillet 2014. L'étude a été financée en partie par le projet intégré IMAGEN, lui-même soutenu par le sixième programme-cadre de l'Union européenne (Reinforcement-related behaviour in normal brain function and psychopathology) (LSHM-CT- 2007-037286), les projets IMAGEMEND (602450 – IMAging GEnetics for MENtal Disorders) et MATRICS (603016) soutenus par le septième programme-cadre, l'Innovative Medicine Initiative Project EU-AIMS (115300-2), le Medical Research Council (« Developmental pathways into adolescent substance abuse » – 93558), l'agence de financement suédoise FORMAS, le Medical Research Council et le Wellcome Trust (Behavioural and Clinical Neuroscience Institute, Université de Cambridge), le National Institute for Health Research (NIHR), le Biomedical Research Centre (South London and Maudsley NHS Foundation Trust et King's College London), le Bundesministerium für Bildung und Forschung (BMBF – subventions 01GS08152; 01EV0711; eMED SysAlc 01ZX1311A; Forschungsnetz AERIAL), le Deutsche Forschungsgemeinschaft – DFG (prix Reinhart-Koselleck SP 383/5-1 et subventions SM 80/7-1, SFB 940/1, FOR 1617), la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie – MILDT, France), le Centre de neuro-imagerie de recherche (CENIR, France), Pr. S. Lehéricy, au sein de l'ICM, le National Institute of Mental Health (MH082116), un prix d'excellence du Center of Biomedical Research (National Institutes of Health – P20GM103644) du National Institute of General Medical Sciences et des Tobacco Centers of Regulatory Science (prix P50DA036114).


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