image: Andres Finzi and Jonathan Richard, research associate view more
Credit: CHUM2021
Montréal, 20 mai 2021 Des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de lUniversité de Montréal (CRCHUM) et de lUniversité Yale parviennent sur des souris humanisées à diminuer la taille du réservoir où se cache le VIH en utilisant un « ouvre-boîte moléculaire » et une combinaison danticorps présents dans le sang de personnes infectées.
Dans leur étude publiée dans Cell Host & Microbe, léquipe de scientifiques, en collaboration avec leurs collègues de lUniversité de Pennsylvanie et de la Faculté de médecine de Harvard, montre quils ont aussi pu retarder de manière importante le retour du virus après linterruption de la thérapie antirétrovirale dans ce modèle animal.
Les souris humanisées sont « générées » à partir de souris immunodéficientes qui ne possèdent pas leur propre système immunitaire. Elles sont greffées avec des cellules immunitaires humaines et peuvent être utilisées pour étudier les maladies affectant le système immunitaire humain, comme le cancer, la leucémie ou le VIH. Des chercheurs de lUniversité de Yale ont mis au point un modèle de souris humanisée spécifique doté de cellules tueuses naturelles (NK) actives, un type de cellule immunitaire, pour étudier leur rôle dans linfection par le VIH.
« Avec notre cocktail composé de deux anticorps naturellement présents dans le plasma des personnes infectées par le VIH et dune petite molécule ouvre-boîte, nous avons réussi à exposer et stabiliser une forme vulnérable de lenveloppe du virus. Cela laisse le temps aux anticorps, qui ont reconnu le virus, dappeler la police du système immunitaire, les cellules NK, et de se débarrasser des cellules infectées », dit Andrés Finzi, co-auteur principal de létude, chercheur au CRCHUM et professeur à lUniversité de Montréal.
Pour infecter les cellules du système immunitaire humain, le VIH se fixe avec son enveloppe à des récepteurs spécifiques présents à la surface de ces cellules, notamment un appelé CD4. Cette liaison déclenche des changements dans la forme de lenveloppe du virus, sa « clé » dentrée, et lui permet dinfecter les cellules hôtes.
En 2019, dans une étude antérieure, une équipe menée par Andrés Finzi et James Munro (Université Tufts) avait montré que de petites molécules ressemblant aux CD4, conçues et synthétisées par léquipe du chercheur Amos Smith à lUniversité de Pennsylvanie, se comportaient comme des « ouvre-boîtes » et permettaient de forcer le virus à souvrir et à exposer des parties vulnérables de son enveloppe.
« Sur notre modèle de souris humanisée développé à Yale et utilisé pour létude du VIH, nous montrons que le cocktail permet non seulement de limiter la réplication du virus, mais aussi de diminuer les réservoirs de VIH en détruisant les cellules infectées », explique Priti Kumar, auteure principale et professeur à lUniversité Yale.
Réussir à retarder le « rebond » du virus
Tout au long de la trithérapie, le VIH se cache silencieusement dans des réservoirs situés au creux des lymphocytes T CD4+, des globules blancs qui participent à lactivation du système immunitaire contre les infections et à la lutte contre les microbes.
Lexistence de ces sanctuaires viraux cachés explique pourquoi le traitement antirétroviral ne permet pas de guérir les personnes atteintes du VIH et pourquoi elles doivent le suivre durant toute leur vie afin dempêcher le virus de « rebondir ».
« Dans les souris humanisées, nous avons stoppé la trithérapie avant de leur administrer notre cocktail. Le rebond du virus a lieu seulement 46 jours après. Chez les souris qui nont pas reçu le cocktail, le rebond se produit dans les 10 jours. Une telle efficacité dans ce modèle animal est vraiment très prometteuse », dit Andrés Finzi.
Ces résultats ouvrent de nouvelles voies thérapeutiques dans la lutte contre ce virus mortel. Selon lOrganisation mondiale de la santé, 38 millions de personnes vivaient avec le VIH à la fin de 2019.
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À propos de létude
Larticle « Modulating HIV-1 envelope glycoprotein conformation to decrease the HIV-1 reservoir », par Jyothi K Rajashekar, Jonathan Richard et ses collègues, a été publié le 20 mai 2021 dans Cell Host & Microbe.
Les travaux ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada, les National Institutes of Health (NIH) des États-Unis, le programme de recherche sur le VIH Gilead Sciences Research Institute et la Foundation for AIDS Research (amfAR Research Consortium on HIV Eradication). Andrés Finzi est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en entrée rétrovirale.
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