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Goûts et intérêts des Québécois en matière de sexualité : une étude déboulonne les idées reçues

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal

Ce communiqué est disponible en anglais.

Montréal, le 9 mars 2016 - Les Québécois ont-ils des comportements et des intérêts sexuels anormaux? Selon la 5e édition du manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux (DSM-5), les intérêts sexuels sont groupés en deux catégories, soit normaux (normophiliques) et anormaux (paraphiliques). Cependant, des résultats publiés récemment dans The Journal of Sex Research contredisent le DSM-5 en démontrant que plusieurs comportements et intérêts sexuels légaux, mais considérés anormaux en psychiatrie sont plutôt fréquents dans la population générale. Cette recherche a été menée auprès de 1040 Québécois et Québécoises par Christian Joyal et Julie Carpentier, chercheurs à l'Institut Philippe-Pinel de Montréal et à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal), centres affiliés à l'Université de Montréal.

« L'objectif principal de cette étude était de déterminer la norme dans les désirs et les expériences sexuels auprès d'un échantillon représentatif de la population générale, » explique Christian Joyal, également professeur titulaire au département de psychologie de l'Université du Québec à Trois-Rivières. Les chercheurs ont fait appel à une firme de sondage professionnelle pour interroger des hommes et des femmes représentatifs de la population générale à propos de leurs expériences et souhaits de réaliser des comportements sexuels considérés comme anormaux par le DSM-5.

Le sondage, réalisé par téléphone et Internet, a permis aux chercheurs de confirmer leur hypothèse de base. « Dans l'ensemble, près de la moitié (45,6 %) de l'échantillon aimerait vivre au moins un comportement sexuel considéré anormal, tandis que le tiers (33 %) a déjà expérimenté au moins une fois ce genre de pratique. « Ces faits suggèrent qu'avant d'étiqueter comme d'anormal un intérêt sexuel légal, il convient de connaître les normes de pratiques sexuelles. Certains intérêts paraphiliques sont plus communs qu'on pourrait le croire, non seulement en termes de fantasmes, mais aussi de désir et de comportements, » explique monsieur Joyal.

Concrètement, sur les huit exemples de comportements paraphiliques énumérés dans le DSM-5, quatre (voyeurisme- 35 %, fétichisme-26 %, frotteurisme-26 % et masochisme-19 %) ne sont ni rares, ni inhabituels, tant en termes d'expérience que de souhaits rapportés par les hommes et les femmes. En outre, les chercheurs ont trouvé un lien statistiquement significatif entre l'intérêt pour la soumission sexuelle et celui pour d'autres activités sexuelles, suggérant que le désir de pratiquer le masochisme est significativement associé à des intérêts sexuels plus diversifiés.

«Il est vrai que les hommes, en général, sont plus intéressés que les femmes par des comportements sexuels paraphiliques. Néanmoins, ça ne signifie pas qu'elles n'ont pas d'intérêts pour de tels comportements. En fait, les femmes qui rapportent des intérêts pour la soumission sexuelle ont des intérêts sexuels plus variés et rapportent une meilleure satisfaction vis-à-vis de leur vie sexuelle. Il ne s'agirait donc pas d'un intérêt anormal», explique monsieur Joyal.

Le chercheur tient à préciser qu'une distinction doit être faite entre les comportements sexuels paraphiliques, les paraphilies et les troubles paraphiliques. « On parle de trouble paraphilique lorsque l'acte sexuel implique des partenaires non consentants ou qu'il induit une souffrance ou un désarroi à la personne qui le fait. Il peut également être absolument nécessaire pour obtenir satisfaction. Une paraphilie ne réfère pas à un trouble mental, mais plutôt à une préférence sexuelle pour un comportement non-normophilique, alors que les comportements paraphiliques ne sont pas préférentiels, mais exécutés de temps en temps. Tout de même, cette étude suggère fortement que les comportements paraphiliques légaux sont loin d'être anormaux, contrairement à ce qui est avancé par le DSM-5. Il nous est même permis de penser que les résultats de cette étude sur les fantasmes des Québécois sont aussi représentatifs des populations d'Amérique du Nord et d'Europe, » conclut monsieur Joyal.

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