Alors que la communauté estudiantine mondiale suit des cours en ligne à cause des mesures de lutte contre la pandémie du Covid-19, une étude dirigée par lUniversité de Genève (UNIGE), réalisée sur des données collectées en 2016-2017, avant les mesures de confinement anti Covid-19, dévoile que la diffusion de cours en ligne accroît de 5 % les inégalités entre les étudiant-es doué-es et les moins doué-es. Les résultats de cette étude, publiée dans la revue Journal of the European Economic Association, indiquent que ce fossé dapprentissage entre les différents profils détudiant-e est principalement imputable à leur comportement et leur motivation. Létude propose des pistes concrètes, entre autres à travers des programmes denseignement mixte, aux établissements denseignement supérieur du monde entier, que ce soit pour faire face au confinement ou au manque chronique de place en auditoire.
Afin de mieux comprendre limpact des cours en ligne sur la réussite des étudiant-es universitaires et de mesurer lintérêt quils suscitent, 1459 étudiant-es de première année à lUNIGE ont participé à une étude de la Geneva School of Economics and Management (GSEM) de lUNIGE. Pour suivre leurs huit cours obligatoires couvrant des matières telles que les mathématiques ou léconomie, des étudiant-es se sont vu proposer de manière aléatoire des cours en ligne et dautres en présentiel. Le contenu des cours a ensuite été associé à des examens spécifiques pour évaluer le niveau de connaissances. Chaque étudiant-e avait la possibilité dassister aux cours en présentiel sil ou elle le désirait. Les données de cette étude ont été recueillies avant la crise sanitaire du Covid-19.
Le fossé des inégalités se creuse
Les résultats de létude révèlent que les cours en ligne améliorent de 2,5% les résultats des examens des étudiant-es à haut potentiel, mais quen parallèle, les résultats des étudiant-es avec des difficultés dapprentissages diminuent de 2%. «Laccès à lenseignement en ligne semble creuser le fossé entre les étudiant-es doués et les moins doués. Cest un fait dont les universités du monde entier devraient prendre note, car le coronavirus accélère le passage à lapprentissage en ligne,» rapporte Michele Pellizzari, codirecteur du GSEM et coauteur de létude.
Létude constate que les étuidant-es adoptent des comportements différents face aux options de cours en ligne, en fonction de leurs capacités dapprentissage. Par exemple, lorsque la météo est mauvaise, les étudiant-es ayant les meilleurs résultats choisissent souvent détudier seul-es à la maison, alors que celles et ceux ayant moins de facilité font un effort supplémentaire pour assister aux cours en présentiel. En outre, les étudiant-es à haut potentiel choisissent le streaming lorsquil est proposé alors que les étudiant-es en difficulté préféreront là aussi le présentiel. Selon les auteur-es, ces différents comportements créent des inégalités éducatives quand le streaming est introduit.
Un engouement limité
De manière globale, sils ou elles en ont le choix, les universitaires préfèrent assister à des cours en présentiel. Ils/elles optent pour la solution en ligne seulement lorsquils/elles sont confronté-es à des situations inattendues, causées par la maladie ou même par une météo peu clémente. Ainsi, le fait de proposer des cours en streaming ne réduit la participation en présentiel que de 8%. «De tels chiffres ne permettent donc pas de résoudre les problèmes actuels de surpopulation des auditoires dans lenseignement supérieur,» note le chercheur.
Létude contribue à montrer limpact de lapprentissage en ligne sur les résultats et en pointe les limites. En raison de la crise sanitaire actuelle et de la pénurie de place en salle de cours, ces données sont utiles pour les établissements denseignement supérieur du monde entier. Larticle propose en outre des solutions efficaces dapprentissage hybride, où le streaming complète lenseignement en présentiel. «Plus de données sont néanmoins nécessaires pour tirer des conclusions définitives sur les cours entièrement en ligne,» conclut Michele Pellizzari.
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Cette étude a été réalisée en collaboration avec lEPFL et lUniversité de St-Gall.
Journal
Journal of the European Economic Association