News Release

La consommation de cannabis peut être prévenue, réduite ou retardée

Une étude en situation réelle sur les interventions en milieu scolaire indique qu'il est possible d'influencer les adolescents à risque

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal

Cannabis Use Can Be Prevented, Reduced or Delayed

image: Contrary to some popular beliefs, marijuana is harmful to adolescent brains. Researchers at the University of Montreal and CHU Sainte-Justine children's hospital have found that targeting at-risk youth through school programmes can limit their use of this drug. view more 

Credit: Credit: Lew (tomswift) Holzman. Licence: CC BY-NC-ND 2.0. Source: https://flic.kr/p/6CPRZF

Ce communiqué est disponible en anglais.

Montréal, le 26 mai 2015 - En réaction aux changements rapides des contextes culturel et juridique, des chercheurs de l'Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine ont découvert une façon de prévenir, de réduire ou de retarder la consommation de cannabis parmi les jeunes à risque. Les consommateurs de cannabis s'exposent à des déficits neurocognitifs, à des réussites scolaires et professionnelles moindres, à des accidents de la route, à des symptômes psychiatriques exacerbés et au déclenchement d'une psychose. Les adolescents sont particulièrement à risque puisque leur cerveau est en développement. Les jeunes qui ont consommé de la marijuana ont démontré une plus grande difficulté à maintenir leur attention et à contrôler leurs impulsions ainsi que des processus cognitifs altérés. « La consommation de marijuana est très fréquente chez les adolescents en Amérique du Nord et en Europe, souligne Patricia Conrod, docteure en psychologie, qui a mené l'étude. Dans un contexte où les attitudes et les lois par rapport à la marijuana changent, il est important de trouver des façons d'en prévenir et d'en réduire la consommation chez les jeunes à risque. Notre étude révèle que des interventions brèves et ciblées, effectuées par des professeurs formés, permettent d'atteindre cet objectif. »

L'étude portait sur 1 038 élèves britanniques à risque élevé et leurs professeurs dans 21 écoles secondaires de Londres. Les jeunes, qui étaient en secondaire 4 (dixième année dans le système britannique, troisième en France), ont été considérés comme à risque élevé selon leurs réponses à une évaluation de la personnalité validée en clinique. Les personnes qui sont sujettes à l'anxiété ou aux pensées négatives, qui sont impulsives ou à la recherche de sensations fortes sont reconnues comme ayant un risque élevé de consommation de drogues. « Les élèves ont participé volontairement à deux séances cognitivocomportementales de 90 minutes, qui avaient été adaptées à leur type de personnalité. Ces séances, qui leur donnaient l'occasion d'apprendre à partir de scénarios réels expliqués par d'autres jeunes à risque, ont été conçues pour donner des exemples de mécanismes de gestion du risque. Le cannabis n'était pas mentionné directement à moins que les élèves abordent le sujet », explique Ioan T. Mahu, premier auteur de l'étude. « Bien que nous ayons observé que le programme retardait la consommation de cannabis en plus d'en réduire la fréquence chez tous les jeunes participants, nos résultats indiquent surtout que le programme est particulièrement efficace pour prévenir la consommation chez les adolescents les plus à risque, ceux à la recherche de sensations fortes », affirme Mme Conrod.

Environ 25 % des jeunes à risque élevé ont commencé à consommer du cannabis pendant l'étude de deux ans. L'intervention a été associée à une réduction de 33 % des taux de consommation de cannabis dans les six premiers mois qui l'ont suivie, puis à une fréquence réduite de consommation pour les six autres mois suivants. « Au sein du groupe au risque le plus élevé, soit les jeunes à la recherche de sensations fortes, l'intervention a été associée à une réduction de 75 % des taux de consommation de cannabis pendant les six mois ayant suivi l'intervention, ainsi qu'à une réduction importante de la fréquence par la suite », souligne Mme Conrod. La consommation de drogue a été déterminée au moyen de questionnaires anonymes remplis par les participants tous les six mois au cours des deux ans ayant suivi le début de l'étude. Le protocole d'évaluation incluait un certain nombre de procédures pour écarter les données provenant d'élèves qui faisaient de fausses déclarations.

Les amateurs de sensations fortes ont besoin d'un degré élevé de stimulation, et ils sont prêts à prendre plus de risques que la moyenne pour vivre des expériences excitantes. Ils tendent également à présenter peu d'inhibitions et une faible tolérance à l'ennui. « Les personnes à la recherche de sensations fortes sont particulièrement à risque de consommer du cannabis parmi cette tranche d'âge. Il est possible que d'autres traits de personnalité prédisposent les sujets plus âgés à ce comportement, affirme M. Mahu. Des recherches futures pourraient déterminer les motivations qui mènent à la consommation de cannabis chez les personnes appartenant à d'autres types de personnalité à risque. Il serait alors possible d'élaborer des programmes d'intervention aussi efficaces pour elles que celui-ci pour les amateurs de sensations fortes. »

Selon Mme Conrod, auteure en chef, « en raison des effets délétères bien documentés d'une utilisation hâtive de la marijuana chez les adolescents, la prévention et le retardement de ce comportement sont de la plus grande importance pour le public, particulièrement au moment où la société expérimente diverses politiques publiques pour encadrer les méfaits liés au cannabis ».

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À propos de cette étude

Ioan T. Mahu, Christine Doucet, Maeve O'Leary-Barrett et Patricia J. Conrod ont publié « Can Cannabis Use be Prevented by Targeting Personality Risk in Schools? 24-Month Outcome of the Adventure Trial on Cannabis Use: A Cluster Randomized Controlled Trial » dans Addiction.

Patricia Conrod, Ioan T. Mahu et Christine Doucet sont affiliés au Département de psychiatrie de l'Université de Montréal et à son Centre de recherche du CHU mère-enfant Sainte-Justine. Mme Conrod est également affiliée au Département de toxicomanie de l'Institut de psychiatrie du King's College London. Mme O'Leary-Barrett est affiliée à l'Université McGill.

L'étude a été financée par une bourse et une subvention de recherche (2003-2008) remises à la chercheuse principale, Patricia J. Conrod, docteure en psychologie, de l'organisme Action on Addiction. La recherche qui a mené à ces conclusions a également reçu du financement du septième programme-cadre de la Communauté européenne (2007-2013) selon l'accord de subvention no 266813 (Addictions and Lifestyle in Contemporary Europe-Reframing Addictions Project). Les chercheurs soulignent également le financement reçu des Instituts de recherche en santé du Canada. Mme Conrod a reçu un salaire de chercheuse en chef du Fonds de recherche du Québec - Santé (FRQ-S).


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