image: OpticSELINE electrode array for intraneural stimulation of the optic nerve, developed in the Translational Neural Engineering Lab, and used in preliminary studies. view more
Credit: © 2019 EPFL / Markus Ding
A lEPFL (Suisse) et à la Scuola Superiore SantAnna (Italie), des scientifiques développent une technologie pour les non-voyants qui envoie directement des messages au cerveau, sans passer par loeil. Pour ce faire, ils stimulent le nerf optique avec une électrode intraneurale dun genre nouveau, appelée OpticSELINE. Après des tests concluants sur des lapins, ils publient leurs résultats dans Nature Biomedical Engineering.
Nous pensons que la stimulation intraneurale peut fournir une solution efficace pour concevoir des dispositifs neuro-prosthétiques qui restaurent les fonctions sensorielles et motrices. Le potentiel de cette approche est extrêmement prometteur, explique Silvestro Micera, titulaire à lEPFL de la chaire de la Fondation Bertarelli en neuro-ingénierie translationnelle et professeur en bioélectronique à la Scuola superiore SantAnna. En parallèle, le même chercheur continue ses innovations dans le domaine des prothèses de main équipées délectrodes intraneurales.
Dans le monde, on estime que 39 millions de personnes sont affectées par la cécité. Les raisons sont nombreuses: génétique, détachement de la rétine, accidents vasculaires au niveau du cortex visuel, glaucomes, cataractes ou infections. Certaines cécités sont temporaires et peuvent être traitées médicalement. Mais que peut-on faire pour les patients aveugles de manière permanente?
Lidée est de produire des phosphènes: une sensation de lumière sous la forme de motifs blancs, sans que le sujet ne perçoive directement une source lumineuse. De nombreux patients ne peuvent bénéficier des implants rétinaux des dispositifs prothétiques à lintention des non-voyants. Par exemple, un demi million de personnes dans le monde sont atteints de cécité suite à une affection génétique appelée rétinite pigmentaire. Mais pour des raisons cliniques, seuls quelques centaines dentre eux peuvent être implantés. Malgré leurs risques, les solutions intraneurales fournissent a priori une solution pour un plus large nombre de patients, puisque le nerf optique et sa connexion au cerveau sont souvent intacts.
Durant les années 1990 déjà, on avait tenté de stimuler le nerf optique. Mais les résultats étaient peu concluants. Titulaire à lEPFL de la chaire Medtronic en neuro-ingénierie, Diego Ghezzi raconte: A cette époque, on utilisait des électrodes de contact sur le nerf. Le problème, cest quelles sont rigides et mobiles, ce qui rend instable la stimulation électrique des fibres nerveuses. Parce quils voyaient à chaque fois quelque chose de différent, les patients avaient des difficultés à interpréter la stimulation. De plus, elles ont probablement une sélectivité limitée, parce quelles impliquent des fibres superficielles.
Les électrodes intraneurales pourraient apporter aux patients des informations visuelles complexes. Une fois implantées elles sont stables et moins sujettes à des mouvements, selon les chercheurs. Alors que les électrodes de contact sont placées chirurgicalement autour du nerf, leurs homologues intraneurales sont implantées à travers.
Avec leurs équipes, Diego Ghezzi et Silvestro Micera ont conçu un réseau de 12 électrodes, baptisé OpticSELINE. Afin dévaluer son efficacité pour stimuler les diverses fibres du nerf optique, ils ont délivré un courant électrique au nerf optique par lintermédiaire de leur prototype et mesuré lactivité cérébrale du cortex visuel. Ils ont développé un algorithme qui décode les signaux corticaux. Ils ont montré que chaque électrode induit un motif unique dactivation corticale. Cela suggère que la stimulation intraneurale du nerf optique est sélective et informative.
On ignore quelle est la perception visuelle qui correspond à ces motifs corticaux. Pour linstant, nous savons que la stimulation intraneurale peut potentiellement fournir des motifs visuels informatifs. Mais pour les affiner, nous aurons besoin du retour des patients pendant de futurs essais cliniques. Dun point de vue purement technique, nous pourrions procéder à ces essais dès demain.
La technologie actuelle OpticSELINE pourrait permettre dimplanter de 48 à 60 électrodes. Ce nombre ne suffirait pas à restaurer entièrement la vue. Mais de tels signaux visuels, limités, pourrait être ajustés afin de fournir une assistance visuelle au quotidien.
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Ce projet a été partiellement financé par le Wyss Center pour la bio et la neuro-ingénierie, ainsi que par la Fondation Bertarelli.
Liens utiles:
Press kit: http://bit.ly/2019OpticNerve
DOI: 10.1038/s41551-019-0446-8
https://www.nature.com/articles/s41551-019-0446-8
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Contacts des chercheurs:
Diego Ghezzi, Medtronic Chair in Neuroengineering (English, Italian, French)
E: diego.ghezzi@epfl.ch
T: +41 21 693 37 34
Silvestro Micera: (English, Italian)
Bertarelli Foundation Chair in Translational Engineering
Professor at EPFL (Switzerland)
Professor of Bioelectronics at Scuola Superiore SantAnna
Email : silvestro.micera@epfl.ch [@santannapisa.it]
Mobile : +39 347 615 7257, +41 79 875 2080
Journal
Nature Biomedical Engineering