Ce communiqué est disponible en anglais et espagnol.
Los Angeles, Californie (25 mars 2014) Le comité exécutif du prix Tyler pour les réalisations environnementales a décerné aujourdhui son prix 2014 à Simon A. Levin (PhD), professeur à luniversité de Princeton. Il reçoit la récompense pour ses recherches sur la complexité des espèces et des écosystèmes et leurs interactions. Les travaux de Simon A. Levin ont joué un rôle essentiel dans lélaboration de politiques environnementales et dans lavancée des recherches sur les écosystèmes complexes les multiples relations et interactions au sein de la nature.
Depuis sa création en 1973, le prix Tyler est la récompense internationale la plus prestigieuse décernée aux travaux en science de lenvironnement, santé environnementale et énergie.
Les recherches de Levin ont permis de comprendre les interactions entre des groupes de plantes et des animaux qui vivent et se développent côte-à-côte, de cerner leur impact sur lenvironnement et linteraction entre les différents écosystèmes forêts, océans et zones marécageuses, par exemple. Elles ont contribué à mieux appréhender lévolution et les origines de la biodiversité, ont favorisé une meilleure gestion des ressources naturelles telles les forêts et les industries de la pêche et encouragé ladoption de politiques environnementales plus larges. Fondamentalement, les travaux de Levin sur lécologie théorique fondée sur la modélisation mathématique ont permis de contextualiser la recherche environnementale et fourni une vue densemble pour une meilleure compréhension de notre environnement.
Les travaux de Levin ont mis en lumière des dynamiques de groupe fondamentales telles que la coopération, la concurrence et lexercice de lautorité au sein des communautés humaines, animales, végétales ou microscopiques. Ces découvertes sappliquent à des domaines aussi variés que la menace croissante de la résistance aux antibiotiques, lélaboration de systèmes de santé réceptifs aux besoins, la finance internationale et la lutte contre le bioterrorisme.
« Ce qui mimpressionne le plus chez Simon Levin et dans ses travaux, cest quil est un véritable connecteur, affirme Owen T. Lind, président du comité exécutif du prix Tyler et professeur de biologie à luniversité de Baylor. Son travail a permis un rapprochement entre la théorie et le travail des écologistes sur le terrain, et la création de liens entre des systèmes écologiques complexes et les sciences sociales ainsi que les politiques environnementales et publiques. Il est rare de voir un expert jouer un rôle aussi important dans des domaines aussi nombreux. »
« Au début, jétais un mathématicien qui voulait utiliser les mathématiques pour créer un monde meilleur, confesse Simon Levin. La dégradation de lenvironnement était lune de mes principales préoccupations. Jai finalement compris que la complexité à luvre dans la nature pouvait nous permettre de tirer des enseignements incroyablement précieux au-delà même des problématiques individuelles de lenvironnement. Cela se traduit autant dans les relations entre les banques que dans la coopération internationale sur le changement climatique. »
« Je nai jamais voulu me focaliser sur un sujet unique, je préfère naviguer dune grande problématique à lautre », rajoute Levin.
Le lauréat Simon Levin recevra la somme de 200 000 dollars US et une médaille dor. Remis par le comité exécutif du prix Tyler avec le soutien administratif de lUniversité de Californie du Sud, le prix récompense un discernement et un dévouement exceptionnels dans le domaine des sciences environnementales des qualités chères à John et Alice Tyler, les fondateurs visionnaires du prix quils ont créé alors que le débat sur lenvironnement en était à ses premiers balbutiements.
Parmi les précédents lauréats figurent Edward O. Wilson, primé pour son travail davant-garde sur la théorie de la biogéographie des îles ; Jane Goodall, pour ses recherches fondamentales sur le comportement et lécologie des chimpanzés et son impact sur la promotion de la faune sauvage et de la préservation de lenvironnement ; Jared Diamond et Paul et Anne Ehrlich, auteurs renommés, pour leur contribution à la biologie de la conservation ; et Thomas Lovejoy, lun des premiers à alerter au monde sur le grave problème de la déforestation des forêts tropicales. La liste complète des lauréats est disponible à ladresse http://tylerprize.usc.edu/pastlaureates.html.
Reconnaître la complexité : repenser les écosystèmes
Au lieu de considérer lenvironnement comme un phénomène tendant vers un équilibre stable, Levin a permis de clarifier de façon fondamentale le fonctionnement des écosystèmes. Si les modèles précédents sappuyaient sur lhypothèse de relations statiques ou équilibrées, les recherches de Levin révèlent une fluidité des écosystèmes due à la concurrence entre individus et entre espèces pour lutilisation des ressources. Ce réseau complexe en constante évolution a été qualifié d« écosystème adaptatif complexe ».
« Notre planète est bien plus que la somme de ces interactions et relations individuelles, explique M. Levin. Chacun des systèmes influence lautre, et détermine, collectivement, la santé de notre planète. »
« Par exemple, il est impossible de comprendre totalement ce qui affecte la santé de nos océans en étudiant simplement un type de poisson, ou de comprendre le comportement et la santé des poissons en analysant uniquement la température des océans et des courants, explique le chercheur. Une population de poissons affecte la santé des océans, la santé des océans affecte le climat, et le climat a des effets sur le comportement des poissons et sur locéan. »
Lécologie, moteur de léconomie, de la prévention du bioterrorisme et de la santé
Les recherches de Levin ont été si essentielles à la compréhension des interactions, de la coopération et de la concurrence entre des groupes dans la nature quelles ont fait la lumière sur le fonctionnement de léconomie, des relations internationales, du bioterrorisme et des politiques de santé. Au fil des ans, Levin a siégé dans de nombreux comités notamment à lAcadémie nationale des sciences, lInstitut de médecine, le Forum économique mondial, la Banque mondiale et le Smithsonian. Il a mené des recherches soutenues par la Fondation nationale pour la science (National Science Foundation), lAgence pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA), le Bureau de recherche de larmée (Army Research Office), le Département de la Sécurité intérieure (Homeland Security) et les Instituts américains de la santé (National Institutes of Health), dont les fondations Andrew Mellon et Sloan.
« Mon travail sintéresse plus aux systèmes et aux relations quaux acteurs individuels, explique-t-il. La modélisation dun écosystème forestier où sexercent des relations complexes nest pas si différente de celle des systèmes financiers mondiaux des banques, des investisseurs, des entreprises et des marchés financiers. Tout comme la crise financière mondiale a été déclenchée par un petit groupe dacteurs, le changement dune seule espèce peut retentir sur tout un écosystème forestier. »
Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, Levin a siégé dans différents comités, avec pour mission de proposer des recommandations sur la gestion des menaces de bioterrorisme. Dans son étude sur les réponses à apporter aux attaques chimiques, Levin a dressé des comparaisons avec le système immunitaire humain.
« Vous pouvez stocker des vaccins et des antidotes contre les attaques chimiques, mais si les terroristes savent que vous constituez des réserves, ils chercheront dautres solutions, prévient Levin. Vous devez adopter une vision systémique et vous intéresser à des modèles adaptatifs comme le système immunitaire humain. Le système immunitaire émet une réponse généralisée aux nouvelles menaces en adaptant de nouvelles défenses à ces attaques.
Changement climatique : enseignements tirés du règne animal
Outre la modélisation des relations entre les causes et effets du changement climatique, les enseignements tirés des recherches de Levin et de ses collaborations avec des experts en sciences sociales et des économistes peuvent favoriser des stratégies en vue dune coopération internationale sur le changement climatique.
« Parmi les défis fondamentaux à relever, nous devons renforcer la volonté et la coopération en vue de protéger nos ressources communes. Nous jouissons tous de biens communs un air propre et un environnement sain , qui nappartiennent à aucun pays ni à aucun individu, mais une coopération internationale est indispensable pour les conserver, poursuit Simon Levin. Nous pouvons beaucoup apprendre sur les modalités de coopération entre les individus, sur lexercice de lautorité, voire même sur les raisons qui poussent des individus à endosser des rôles différents dans la société, en observant une substance aussi éloignée quune moisissure ou un banc de poissons. »
« Mais nous ne pouvons pas en rester là. Nous devons bâtir des modèles bien au-delà des comparaisons avec la spécificité de la prise de décision humaine pour assurer un avenir durable à nos enfants et petits-enfants. »
Conférence et cérémonie de remise de prix
Jeudi 24 avril à 14 heures, Levin donnera une conférence publique sur ses recherches au Davidson Center de lUniversité de Californie du Sud.