Montréal, le 5 octobre 2017 Les événements sportifs nous tiennent bien souvent en haleine, mais quel est leffet dune telle excitation sur notre cur? Selon une nouvelle étude publiée dans le Journal canadien de cardiologie, la fréquence cardiaque des spectateurs sélève lorsquils regardent des parties en direct ou à la télévision. Lextase de la victoire et lagonie de la défaite ont toutes deux un effet mesurable sur le système cardiovasculaire. Des chercheurs ont pris le pouls damateurs pendant une partie et ont découvert quen moyenne, leur fréquence cardiaque augmentait de 75 % lorsquils regardaient leur sport de prédilection à la télévision, et dun spectaculaire 110 % lorsquils assistaient à la partie en personne.
Munis de moniteurs de surveillance cardiaque de type Holter, une équipe de chercheurs a entrepris détudier les effets dune partie des Canadiens de Montréal sur des spectateurs en bonne santé. Alors que des études précédemment publiées avaient déjà noté un lien entre événements sportifs et incidents cardiaques, il sagit de la première étude sintéressant spécifiquement au hockey. Laugmentation moyenne de la fréquence cardiaque de 75 % observée par les chercheurs chez les spectateurs télévisuels, et la hausse de 110 % chez les spectateurs assistant physiquement à la partie, sont équivalentes aux réponses de fréquence cardiaque survenant lors dun stress physique modéré ou vigoureux, respectivement. Globalement, la fréquence cardiaque a augmenté dune médiane de 92 %, tous spectateurs confondus.
« Selon cette étude, la réponse émotionnelle induite par le stress lié au visionnement dune partie de hockey pourrait potentiellement déclencher des événements cardiovasculaires indésirables à léchelle de la population. Ces résultats ont par conséquent dimportantes implications au niveau de la santé publique. » souligne le Dr Khairy. Alors quon pourrait sattendre à ce que les moments les plus palpitants dune partie surviennent à la fin, les chercheurs ont en fait découvert que les fréquences cardiaques maximales étaient le plus souvent observées pendant les occasions de marquer en faveur ou contre ou au cours du temps supplémentaire. « Notre analyse des éléments de la partie de hockey associés aux fréquences cardiaques maximales soutient lhypothèse que lissue de la partie nest pas lévénement le plus déterminant de lintensité de la réponse de stress émotionnel, mais que cest plutôt lexcitation ressentie pendant les moments de gros enjeux ou très intenses de la partie », explique le Dr Khairy.
Avant quils ne participent à létude, les chercheurs ont demandé aux amateurs de remplir un bref questionnaire afin, dune part, dévaluer leur santé générale et, dautre part, de leur attribuer un score de passion pour le sport, un outil de calcul de limplication dune personne envers son équipe. Les chercheurs ont adopté ce score en le tirant détudes précédentes réalisées auprès damateurs de soccer; toutefois, ils ont observé que, dans le cas du hockey, ce score ne permettait pas de prédire les réponses de fréquence cardiaque.
Des études précédentes ont démontré que les événements cardiovasculaires déclenchés par le visionnement dévénements sportifs étaient plus fréquents chez les personnes souffrant de coronaropathies existantes, un phénomène attribuable à laugmentation disproportionnée des marqueurs de vasoconstriction et de linflammation aiguë chez ces individus. Selon David Waters, MD et Stanley Nattel, MD, auteurs de léditorial accompagnant létude, ces travaux devraient encourager les médecins à parler à leurs patients de leurs habitudes de visionnement dévénements sportifs. « Comme létude le souligne, le fait de regarder une partie de hockey palpitante pourrait déclencher un événement cardiovasculaire chez une personne à risque », écrivent-ils. « Le danger est particulièrement présent dans laréna et pendant les moments cruciaux de la partie, comme par exemple pendant le temps supplémentaire. Les patients à risque devraient être capables de reconnaître tout symptôme cardiovasculaire potentiel et dainsi demander une assistance médicale rapidement. »
Cette étude a été conçue et réalisée par deux étudiantes de secondaire exceptionnellement motivées et curieuses de la Royal West Academy de Montréal. « Je tiens à féliciter sincèrement Leia et Roxana davoir entrepris un projet aussi innovant et important à leur jeune âge », concluait le Dr Khairy. « Elles ont démontré que, dun point de vue scientifique, il est véritablement très excitant de regarder une partie des Canadiens de Montréal! Leurs travaux permettent à la population de prendre conscience du rôle potentiel des facteurs de stress émotionnel liés aux sports dans le déclenchement dévénements cardiaques, et ouvrent la voie pour des recherches futures visant à mitiger de tels risques. »
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Journal
Canadian Journal of Cardiology