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Montréal, le 17 septembre 2015 - Comprendre le chemin suivi par le cerveau souffrant d'un déclin cognitif léger vers la démence de type maladie d'Alzheimer reste une énigme pour la communauté scientifique. Une étude récente de l'équipe de Dre Sylvie Belleville, Ph. D., directrice du Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal et professeure de psychologie à l'Université de Montréal, vient toutefois d'éclaircir la voie en démontrant un schéma type de l'évolution du cerveau vers la démence.
Pour y parvenir, elle a réalisé une étude qui compare sur plusieurs années les changements entre les personnes présentant un trouble léger de la cognition (TLC) qui reste stable dans le temps, et les personnes dont le TLC progresse vers un diagnostic de maladie d'Alzheimer. Ce travail a été mené avec Simon Cloutier, étudiant au doctorat, et une équipe de cliniciens-chercheurs montréalais. Les résultats de cette étude, financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), sont publiés dans le Journal of Alzheimer's Disease.
L'étude a permis de voir que les différents domaines cognitifs (le langage, l'inhibition, les capacités visuospatiales, la mémoire de travail, les fonctions exécutives, etc.) ne présentent pas une trajectoire uniforme de changements. Le déclin n'est pas une pente descendante linéaire. Au contraire, le parcours qui mène à une démence est complexe et peut parfois être caractérisé par des périodes de stabilité, suivies d'une accélération rapide du déclin un an ou deux avant le diagnostic.
« Nous avons réussi à identifier un profil de changements qui caractérise les personnes qui progresseront vers la démence. En fait, une baisse rapide des mémoires épisodique et de travail associée à des difficultés de langage apparaissent comme un profil présentant un risque élevé de démence dans un proche avenir », d'expliquer la chercheuse.
Plutôt que d'y voir une mauvaise nouvelle, la chercheuse Sylvie Belleville voit dans ces résultats un espoir pour les personnes âgées inquiètes de leur mémoire. Selon elle, « Plusieurs personnes se plaignent de leur mémoire. Or, c'est la présence d'un changement qui détermine un risque de progression. Cette étude permet de caractériser les paramètres du déclin chez les personnes qui vont évoluer vers la maladie et donc de mieux séparer les symptômes bénins de ceux qui doivent susciter une attention particulière. Le déclin rapide de la mémoire suggère que l'apparition des symptômes de la maladie s'explique probablement par la perte des processus de compensation du cerveau. »
Par ailleurs, le diagnostic de cette maladie arrive tardivement dans son évolution, parfois jusqu'à quinze ans après ses premiers effets sur le cerveau atteint. Il est important d'identifier des indicateurs précoces afin de pouvoir intervenir le plus rapidement possible.