Pour découvrir et sassurer de la présence dune planète autour dune autre étoile que le Soleil, les astronomes attendent que celle-ci ait accompli trois révolutions. Cette technique, très efficace, a toutefois ses inconvénients puisquelle ne permet de confirmer que la présence de planètes aux périodes de révolution relativement courtes (de quelques jours à quelques mois). Pour pallier cet obstacle, une équipe dastronomes dirigée par lUniversité de Genève (UNIGE) vient de mettre au point une méthode qui permet de sassurer de la présence dune planète en quelques mois, même si celle-ci met 10 ans pour faire le tour de son étoile. Une technique à découvrir dans la revue Astronomy&Astrophysics.
La découverte dexoplanètes se fait dans plus de 99% des cas par des méthodes indirectes, soit celle des vitesses radiales, soit celle des transits. La méthode des transits, qui consiste à repérer une baisse de luminosité de létoile hôte lors du passage de la planète devant elle, souffre cependant dune limitation. Puisquil faut attendre au moins trois passages devant létoile pour confirmer lexistence dune planète, elle ne permet pour le moment que de repérer des planètes à assez courtes période de révolution, typiquement de quelques jours à quelques mois. Il faudrait effectivement attendre plus de 30 ans pour détecter à coup sûr une planète comme Jupiter (qui prend 11 ans pour faire le tour du Soleil).
Pour surmonter cet obstacle, une équipe dastronomes dirigée par Helen Giles, chercheuse au Département dastronomie de la Faculté des sciences de lUNIGE et membre du PRN PlanetS, a mis au point une méthode originale. En analysant les données du satellite Kepler, elle sest rendue compte que certaines étoiles montraient une baisse de luminosité temporaire significative, signature dun possible transit, ou en dautres termes dun passage dune planète devant létoile en question. «Il a quand même fallu analyser à lil des centaines de courbes de lumière pour en choisir une où le transit se distinguait sans équivoque», explique lastronome.
Helen Giles sest alors intéressée à létoile EPIC248847494, une sous-géante située à 1500 années-lumière de la Terre. Lastronome genevoise a dans un premier temps consulté les données du satellite Gaïa pour connaître le diamètre et la distance de létoile. Sachant que sa baisse de luminosité indique un transit de 53 heures, elle détecte une planète située à 4.5 fois la distance Terre-Soleil et mettant, par conséquent, à peu près 10 ans pour en faire le tour. La question qui lui restait encore à résoudre était de savoir sil sagissait bien dune planète et non dune étoile. Cest le télescope Euler de lUNIGE au Chili qui allait lui donner la réponse. En effet, en mesurant la vitesse radiale de létoile, qui permet de déduire la masse de la planète, elle a pu montrer que la masse de lobjet est inférieure à 13 fois celle de Jupiter, soit largement inférieure à la masse minimum dune étoile qui est de 80 fois supérieure à celle de Jupiter.
«Cette technique pourrait donc être utilisée pour chasser des planètes Terre habitables», senthousiasme Helen Giles. «On a déjà trouvé des Terres, mais autour détoiles naines rouges dont on ne connaît pas exactement le rayonnement et ses conséquences sur la vie». Avec sa méthode, il ne sera plus nécessaire dattendre des années pour savoir si le transit détecté est bien dû à la présence dune planète. «On pourrait même voir si la planète possède une ou plusieurs lunes, à limage de notre Jupiter», conclut la chercheuse.
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