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Lady Gaga est-elle aussi radicale qu’elle le semble?

Selon une étude de Concordia, les vidéos de l’artiste pop bouleversent les stéréotypes relatifs au genre et à la sexualité, mais perpétuent ceux liés à la race et aux handicaps

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Concordia University

Ce communiqué est disponible en anglais.

Montréal, le 26 mars 2014 – Les critiques n'ont pas raffolé du dernier album de Lady Gaga. ARTPOP a en effet suscité peu d'enthousiasme, ses ventes ont été décevantes et ses simples ont raté leur cible. L'artiste d'avant-garde ne serait donc plus si révolutionnaire. Mais Gaga a-t-elle jamais été aussi radicale qu'elle le semblait dans le passé? Une récente étude de l'Université Concordia et de l'Université d'Ottawa porte à penser que ce n'était peut-être pas le cas.

Avec le lancement de son nouveau vidéoclip, « G.U.Y. », Lady Gaga souhaitait montrer comment « se libérer des attentes de l'industrie musicale et de celles du statu quo ». Les chercheurs Marc Lafrance et Lori Burns révèlent cependant que si l'œuvre de la chanteuse défie les attentes du courant dominant en ce qui a trait au genre et à la sexualité, ses représentations de la race et des situations de handicap demeurent fermement ancrées dans le statu quo.

Dans un chapitre récemment publié dans l'ouvrage Lady Gaga and Popular Music (Routledge 2014), les Prs Lafrance et Burns se sont penchés sur deux des clips les plus populaires de l'artiste, « Paparazzi » et « Telephone ». À l'aide d'une méthode novatrice qu'ils ont mise au point afin d'examiner simultanément le contenu verbal, visuel et musical des vidéoclips, les chercheurs ont interprété ceux-ci pour comprendre leur message au sujet du monde de la musique populaire comme de la société dans son ensemble.

M. Lafrance, professeur de sociologie à Concordia, et Mme Burns, professeure de musique à Ottawa, ont ainsi soumis la matière créative à une analyse systématique qui leur a permis d'identifier les codes stéréotypiques et les conventions culturelles employés dans les clips de Lady Gaga.

En ce qui concerne la race, ils ont découvert que le fait d'être blanc y était associé à la respectabilité bourgeoise, et le fait d'être noir, à un comportement offensant. Pour ce qui est des handicaps, Gaga n'est guère plus progressiste, puisqu'elle dépeint l'invalidité non pas comme un état ou une condition physique, mais comme une métaphore symbolisant les conséquences désastreuses du mode de vie des célébrités.

« Les Noirs qui figurent dans le clip de "Paparazzi" y jouent des domestiques et des chauffeurs, c'est-à-dire des personnages types dont la seule raison d'être est de servir le personnage blanc au centre du récit. Dans "Telephone", la représentation des Noirs est tout aussi stéréotypée : ce sont les détenues endurcies dans la prison ou les petits amis brutaux dans la scène du repas », explique le Pr Lafrance.

Selon le chercheur, Gaga illustre également les situations de handicap de façon problématique. « L'invalidité est utilisée comme métaphore afin de représenter les catastrophes qui s'ensuivent lorsqu'une vedette renonce à sa vie privée au profit des paparazzi et se laisse dévorer par son propre désir de gloire et de fortune. Le handicap est donc une sorte de punition pour ceux qui volent trop près du soleil de la célébrité. »

Cela dit, le Pr Lafrance n'hésite pas à souligner que l'œuvre de l'artiste comporte des aspects progressistes qui méritent d'être loués. « Elle tend à célébrer des personnages féminins forts et des expériences sexuelles non normatives en associant les altersexualités à l'émancipation et à l'autodétermination. Il s'agit pour la communauté LGBT d'un message des plus positifs, qu'elle ne cesse de promouvoir. »

Le chercheur envisage l'impact de ses travaux avec simplicité. « Notre étude vise à inciter le public à poser un regard critique non seulement sur Lady Gaga, mais aussi sur la culture populaire en général. Plutôt que de croire que son art est progressiste et avant-gardiste, les gens devraient se demander si Gaga elle-même bouleverse ou perpétue le statu quo contre lequel elle prétend lutter. La question se doit d'ailleurs d'être posée au sujet de toute forme d'expression artistique, qu'il s'agisse de grand art, d'art mineur, d'art populaire ou d'ARTPOP. »

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