image: Adult male chimpanzee sharing food with two young orphans. Orphaned young are often adopted, as here by this old male, which may explain why the stress of maternal loss does not persist. view more
Credit: Cédric GIRARD-BUTTOZ/TAÏ CHIMPANZEE PROJECT
La perte dune personne proche peut marquer un destin, même dans le monde animal. Chez les chimpanzés par exemple : les individus dont la mère meurt lorsquils sont jeunes grandissent moins que leurs congénères, se reproduisent moins et ont également plus de chance de mourir à un jeune âge. Mais pourquoi ? Pour le découvrir, une équipe de recherche internationale* dirigée par une chercheuse du CNRS** a étudié les effets à court et long-terme de la perte de leur mère sur le stress des chimpanzés orphelins, sur une période de 19 ans. En comparant les niveaux dune hormone marqueuse du stress, le cortisol, entre les individus jeunes et adultes, orphelins ou non, les scientifiques ont observé que les jeunes orphelins sont très stressés. Néanmoins, ceux ayant perdu leur mère depuis plus de deux ans ou ceux qui étaient adultes au moment de létude nétaient pas plus stressés que les autres chimpanzés dont la mère était encore en vie. Ils ne souffrent donc pas de stress chronique, au contraire de ce que lon observe chez lhumain : les enfants dont la mère meurt quand ils sont très jeunes sont en effet sujet à un stress chronique pendant toute leur vie. Selon léquipe de recherche, les chimpanzés adoptent souvent des jeunes orphelins et cela pourrait expliquer que le stress de la perte maternelle ne perdure pas. Le stress ne pouvant donc pas expliquer à lui seul les différences entre orphelins et non-orphelins, les chercheurs et chercheuses souhaitent maintenant se pencher sur les mères chimpanzés pour établir si elles participent à ces différences, en protégeant mieux leur progéniture que les orphelins par exemple. Les résultats de ces travaux sont parus dans eLife le 16 juin 2021.
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* Ont également participé à ces travaux des scientifiques de lInstitut Max-Planck pour lanthropologie évolutive (Allemagne), du Taï Chimpanzee Project du Centre Suisse de recherches scientifiques (Côte dIvoire), de luniversité Harvard (Etats-Unis), de lUniversité de Stirling (Royaume-Uni), de luniversité internationale de Floride (Etats-Unis), du World Wide Fund for Nature (WWF ; République centrafricaine), de lInstitut Robert Koch (Allemagne) et de lUniversité Félix Houphouët (Côte d'Ivoire).
** travaillant à lInstitut des sciences cognitives Marc Jeannerod (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1)