image: This is floating Sargassum, Petit cul-de-sac Marin. view more
Credit: P. J. Lopez
Une équipe de chercheurs du CNRS et de lUniversité des Antilles vient de lancer un projet interdisciplinaire de recherche dune durée de 18 mois, financé en grande partie par lAdeme, sur les sargasses, ces algues brunes qui envahissent périodiquement les côtes antillaises depuis 2011. Lenjeu est de trouver des moyens de valoriser ces algues à lorigine des problèmes de santé publique dans la région des Caraïbes. Ce projet sera présenté lors de la XVème Conférence de coopération régionale Antilles-Guyane le 3 octobre.
Depuis 2011 deux espèces de sargasses, Sargassum fluitans et Sargassum natans prolifèrent dans lAtlantique Nord et séchouent périodiquement de façon massive sur les côtes des Caraïbes. Si ces algues ont toujours existé, les échouages importants enregistrés ces dernières années sur les côtes atlantiques, allant des Caraïbes à lAmérique du Sud, sont tout à fait inédits.
Lorsquelles se décomposent sur les plages, les sargasses dégagent dimportantes quantités de sulfure dhydrogène, provoquant nuisances olfactives, mécaniques et sanitaires. La procédure mise en uvre pour parer ces préjudices consiste à organiser de grandes campagnes de ramassage aboutissant à une problématique de collecte, de stockage et de valorisation ou délimination de cette matière première.
Le projet de recherche intitulé ECO3SAR et piloté par le laboratoire Borea* (CNRS/MNHN/SU/IRD/Université Caen Normandie/Université des Antilles) en collaboration avec des chercheurs de lUniversité des Antilles** et en partenariat avec le laboratoire danalyses départemental de la Drôme, vise à explorer des pistes de valorisation des sargasses, notamment sous la forme de compost. Il sinscrit dans une nécessité daugmenter les connaissances scientifiques sur ces algues. Associant une entreprise spécialisée dans la production de compost***, ce projet permettra dassurer le transfert de ce savoir vers de potentielles applications.
Les chercheurs effectueront des analyses chimiques afin de détecter la présence de polluants, les sargasses étant réputées pour accumuler facilement des métaux lourds. En effet, des études antérieures ont montré quelles pouvaient être contaminées par larsenic et la chlordécone****, or, les sargasses sont difficilement valorisables si elles sont contaminées. Afin de réaliser leurs analyses, les scientifiques procèderont à des missions de ramassage des algues, la première campagne déchantillonnage ayant eu lieu en juillet dernier et la prochaine en octobre 2018. En tout, ce sont environ 45 sites qui seront échantillonnés en Martinique et en Guadeloupe. Les scientifiques sintéresseront également au processus de dégradation des sargasses en regardant quels microorganismes leur sont associés et comment ils évoluent au cours de la dégradation des algues. Le dernier volet de létude porte sur les filières et lacceptation sociale de projets de valorisation des sargasses par les populations locales.
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Vidéo « Sargasses » : https://webcast.in2p3.fr/player/5bae21449f0b7?autostart=true
Plus de visuels sur demande
* Biologie des organismes et des écosystèmes aquatiques et Observatoire Hommes-Milieux Port Caraïbe
** Laboratoire LC2S (CNRS/Université des Antilles) et Laboratoire AIHP-GEODE (Université des Antilles)
*** Holdex Environnement
**** Insecticide toxique légalement appliqué de 1972 à 1978 puis de 1981 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier aux Antilles françaises et classé comme polluant organique persistant (POP) par la convention de Stockholm.