Présent dans toute lAsie du Sud et du Sud-est, le virus Nipah est un agent infectieux émergent transmis par les chauves-souris et qui, daprès lOMS, pose un risque dépidémie sévère dans un futur proche. Alors quaucun traitement ni vaccin nexiste actuellement, des chercheurs de lInstitut Pasteur, du CNRS et de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health se sont associés à des confrères internationaux de licddr,b (Centre international pour la recherche contre les maladies diarrhéiques, Bangladesh), de lIEDCR (Institute of Epidemiology Disease Control and Research) et des CDC américains (contrôle et la prévention des maladies), pour étudier la dynamique de transmission du virus Nipah. Ils se sont appuyés sur des données issues dinvestigations épidémiologiques réalisées durant ces quatorze dernières années au Bangladesh, pays le plus touché. Leur étude a démontré que le risque de transmission est plus important lorsque le malade est un adulte présentant des symptômes respiratoires. Par conséquent, lorsquil nest pas possible disoler tous les cas suspects, ces individus devraient être ciblés en priorité pour mieux lutter contre la propagation du virus. Ces résultats ont été publiés dans le journal scientifique NEJM aujourdhui, le 9 mai 2019.
Le virus Nipah est un paramyxovirus transmis par les chauves-souris, et présent en Asie du Sud et du Sud-est. Dun taux de mortalité supérieur à 70 %, ce virus est daprès lOrganisation Mondiale de la Santé (OMS) un agent infectieux émergent susceptible de déclencher des épidémies sévères sil venait à évoluer pour gagner en transmissibilité. Ceci a conduit lOMS à en faire une priorité de recherche dans le but de prévenir les crises sanitaires.
En labsence de traitements ou de vaccins efficaces, le seul moyen de contrôler les épidémies du virus Nipah est de recourir à des interventions ciblées qui limitent les risques de propagation. Cependant, la mise en place de telles interventions est difficile car les mécanismes de transmission interhumaine restent mal compris.
Pour déchiffrer les facteurs de la transmission interhumaine du virus Nipah, des chercheurs de lInstitut Pasteur, du CNRS, de licddr,b, de lIEDCR, des CDC américains et de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, ont étudié les caractéristiques de tous les cas avérés dinfection et de plus de 2 000 sujets-contacts identifiés pendant les quatorze dernières années dinvestigation des épidémies ayant touché le Bangladesh, pays qui a déclaré le plus grand nombre de cas.
Leur étude a démontré que les cas adultes présentant des symptômes respiratoires contaminaient davantage dindividus que les autres cas. Ce résultat suggère quil peut être utile de cibler en priorité les adultes avec troubles respiratoires lorsquil est impossible de procéder à lisolement de tous les cas suspects.
Par ailleurs, les sujets-contacts exposés à des liquides biologiques, et notamment aux sécrétions respiratoires, affichent un risque accru dinfection, corroborant le rôle majeur des sécrétions liquides dans la transmission interhumaine du virus. Létude a, en outre, révélé que les conjoints des personnes infectées et les sujets-contacts exposés sur une longue durée avaient un risque plus élevé dinfection. Par conséquent, ces personnes doivent faire lobjet de mesures de protection renforcées.
« Seule une compréhension approfondie des facteurs de transmission du virus Nipah peut permettre dendiguer efficacement la transmission du virus pendant une flambée épidémique. En la matière, les investigations poussées, menées cette dernière décennie par nos collègues de licddr,b et de lIEDCR au Bangladesh, ont permis de répondre à des questions clés sur la transmission interhumaine du virus », déclare Simon Cauchemez, co-auteur principal de létude et responsable de lunité Modélisation mathématique des maladies infectieuses à lInstitut Pasteur.
Le risque de transmission du virus Nipah dépend des caractéristiques du malade, comme lâge et la présence de symptômes respiratoires. Comme lexplique Birgit Nikolay, première auteure de létude : « Les résultats de cette étude contribuent à identifier les patients quil faudrait cibler en priorité avec des mesures disolement sil nest pas possible disoler tous les cas suspects. Cette priorisation pourrait contribuer à mieux contrôler la propagation du virus lors de flambées importantes. »
Malgré ces découvertes, des lacunes subsistent dans la compréhension de la transmission du virus Nipah. Les futures recherches se concentreront sur létude du mode de propagation du virus dans le corps humain, et sur lamélioration des critères didentification des super-transmetteurs. Dautres études sont également prévues pour mieux comprendre la dynamique de transmission du virus chez les chauves-souris, et prédire ainsi où et quand la transmission entre lanimal et lhomme a le plus de risque davoir lieu.
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Gros plan sur Nipah
Nipah est un paramyxovirus (du genre Henipavirus). Les chauves-souris frugivores en constituent le réservoir naturel, la transmission du virus à lHomme seffectuant essentiellement par ingestion de jus de palme contaminé. Linfection humaine provoque des troubles respiratoires et neurologiques sévères saccompagnant dune mortalité élevée (>70%). Des foyers épidémiques ont été signalés au Bangladesh principalement, mais également en Malaisie et en Inde. Le virus Nipah a également été observé chez des chauves-souris en Thaïlande, en Malaisie, en Inde et au Cambodge.
Journal
New England Journal of Medicine