image: Maxwell Lechte examines rock formations in the Flinders Ranges (South Australia). view more
Credit: Brennan O'Connell
Comment la vie a-t-elle survécu à la plus intense période glaciaire? Une équipe de chercheurs dirigée par lUniversité McGill a trouvé la première preuve directe que leau de fonte glaciaire aurait sauvé la vie des eucaryotes au moment de la Terre boule de neige, lorsque les océans étaient privés de loxygène essentiel à la vie, et a ainsi répondu à une question qui embête les scientifiques depuis des années.
Dans une nouvelle étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, les chercheurs ont examiné les roches riches en fer provenant de dépôts glaciaires en Australie, en Namibie et en Californie pour connaître les conditions environnementales à la période glaciaire. À laide de cartes géologiques et dindices fournis par les locaux, ils ont parcouru des sentiers ardus pour se rendre à des affleurements rocheux où trouver les formations rocheuses en question.
En étudiant la chimie des formations de fer dans les roches, les chercheurs ont pu estimer la quantité doxygène dans les océans il y a environ 700 millions dannées et ainsi mieux comprendre les effets quaurait eus cette concentration sur tous les organismes marins dépendants de loxygène, notamment les animaux primitifs comme les spongiaires.
« Les résultats laissent croire que même si une grande partie des océans étaient inhabitables pendant ce gel extrême en raison du manque doxygène, dans les zones où linlandsis posé commence à flotter, il y avait un approvisionnement vital en eau de fonte glaciaire oxygénée. Ce phénomène sexplique par ce quon appelle une pompe à oxygène glaciaire : les bulles dair emprisonnées dans la glace de glacier séchappent dans leau à la fonte, lenrichissant du coup en oxygène », explique Maxwell Lechte, chercheur postdoctoral au Département des sciences de la Terre et des planètes de lUniversité McGill, sous la supervision de Galen Halverson.
Il y a environ 700 millions dannées, la Terre a connu la plus grande période glaciaire de son histoire, qui a mis en péril pratiquement toute la vie sur la planète. Dans les recherches passées, on faisait lhypothèse que les organismes vivants dépendants de loxygène nauraient eu accès quaux mares de fonte à la surface des glaces, mais cette nouvelle étude pointe vers lexistence denvironnements marins oxygénés.
« Larrivée du gel planétaire avant lévolution des animaux complexes laisse croire à un lien entre la Terre boule de neige et lévolution animale. Ces conditions difficiles auraient pu stimuler leur diversification en des formes plus complexes », affirme Maxwell Lechte, aussi auteur principal de létude.
Maxwell Lechte souligne que si les résultats se limitent à la disponibilité de loxygène, les eucaryotes primitifs auraient tout de même eu besoin de nourriture pour survivre dans les conditions glaciaires. Il faudra donc étudier ces environnements davantage pour comprendre comment ces organismes auraient pu maintenir un réseau alimentaire. Comme point de départ, on pourrait examiner les environnements glaciaires modernes qui abritent actuellement des écosystèmes complexes.
« Cette étude résout dun coup deux mystères sur le phénomène de Terre boule de neige. Dune part, elle montre comment les animaux primitifs auraient pu survivre à la glaciation mondiale, et dautre part, elle explique clairement le retour des dépôts de fer dans le profil géologique après plus dun milliard dannées », résume le professeur Galen Halverson.
À PROPOS DE L'ÉTUDE
Létude « Subglacial meltwater supported aerobic marine habitats during Snowball Earth » de Maxwell Lechte, Malcolm Wallace, Ashleigh van Smeerdijk Hood, Weiqiang Li, Ganqing Jiang, Galen Halverson, Dan Asael, Stephanie McColl et Noah Planavsky est publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America. Il sagit dune collaboration entre lUniversité McGill, lUniversité de Melbourne, lUniversité de Nanjing, lUniversité du Nevada à Las Vegas et lUniversité Yale. DOI: 10.1073/pnas.1909165116
Les travaux ont été financés par une bourse détudes du programme de formation en recherche du gouvernement de lAustralie, un prix Albert Shimmins, une subvention de découverte du Conseil de recherches de lAustralie, une bourse du programme postdoctoral en astrobiologie de la NASA, une bourse Puzey et laide du Conseil de recherches de lAustralie.
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Journal
Proceedings of the National Academy of Sciences