Un véritable capteur : une équipe de chercheurs de l'Inserm et du CNRS au sein de lInstitut de pharmacologie et de biologie structurale (IPBS, CNRS/Université Toulouse III Paul Sabatier) a identifié une protéine capable de détecter divers allergènes dans les voies respiratoires à lorigine de crises dasthme. Cette étude co-dirigée par Corinne Cayrol et Jean-Philippe Girard est publiée dans la revue Nature Immunology le 19 mars 2018. Elle augure des avancées dans le traitement des maladies allergiques.
Quel est le point commun entre moisissures, pollens et cafards ? Bien quils appartiennent à trois règnes distincts du monde vivant, ils peuvent déclencher des crises dasthme chez les personnes sensibles. En dépit de compositions très différentes, ils partagent un point commun : ils contiennent tous des enzymes appelées protéases.
Léquipe de lIPBS vient didentifier une protéine humaine réagissant à bon nombre dallergènes de lenvironnement : linterleukine-33 (IL-33). Lorsquils arrivent dans les voies respiratoires, les allergènes libèrent leurs protéases qui découpent lIL-33 en fragments hyperactifs à lorigine des réactions en chaîne responsables des symptômes allergiques.
Or, il sagirait dun mécanisme général de déclenchement des réactions allergiques. En effet, lIL-33 sest montrée capable de détecter chacun des 14 allergènes testés, parmi lesquels certains sont présents dans lair ambiant (plusieurs types de pollens, des acariens, des spores de champignons) et dautres impliqués dans lasthme professionnel (comme la subtilisine utilisée dans des détergents).
Ces résultats sont dautant plus importants quils établissent un lien direct entre génétique et environnement. En effet, le gène codant pour lIL-33 est reconnu comme étant lun des principaux gènes de prédisposition à lasthme chez lhumain.
Des essais cliniques en cours ont dailleurs pris pour cible cette protéine. Une stratégie que vient confirmer cette découverte dun mécanisme unique de détection par lIL-33 des allergènes aériens. Empêcher la production des fragments hyperactifs de lIL-33 après une exposition aux allergènes pourrait, par exemple, permettre de limiter les réactions allergiques sévères chez les patients asthmatiques.
Ces travaux ont été financés par lAgence nationale pour la recherche (ANR).
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Journal
Nature Immunology