News Release

Prendre le Truvada «à la demande» peut prévenir la transmission du VIH dans une population à risque

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal

Ce communiqué est disponible en anglais.

Montréal et Paris, le 1er décembre 2015 - Les chercheurs qui ont dirigé un essai clinique sur la prévention de la transmission du VIH rapportent que les participants ayant pris le médicament antirétroviral Truvada étaient 86 % moins susceptibles de contracter la maladie que ceux qui ont reçu le placébo. La Dre Cécile Tremblay, professeure titulaire à l'Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche du CHUM, a piloté le volet canadien de l'essai clinique. «Le médicament était consommé à la demande, avant et après les relations sexuelles. Tous les participants de l'étude ont reçu du soutien et des conseils courants sur la prévention du VIH et des infections transmissibles sexuellement, ainsi que des boîtes de préservatifs et du lubrifiant, explique-t-elle. La recherche ciblait les hommes et les femmes transgenres à risque élevé de transmission du VIH. Nous définissons le "risque élevé" par des relations anales non protégées avec deux partenaires différents ou plus pendant une période de six mois. L'essai éclaircit le rôle que le Truvada peut jouer pour protéger cette population.» La recherche, qui sera publiée demain dans le New England Journal of Medicine, était dirigée par le Dr Jean-Michel Molina, de l'hôpital Saint-Louis à Paris, et le Dr Jean-François Delfraissy, de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) en France.

En chiffres réels, 14 des 201 personnes du groupe placébo ont été infectées par le VIH, comparativement à 2 des 199 personnes du groupe du Truvada. L'essai clinique a été effectué à double insu, c'est-à-dire que ni les participants ni les chercheurs ne savaient à quel groupe appartenaient les participants pendant l'expérience. Cette méthode permet aux chercheurs d'obtenir une norme de preuve plus élevée. En plus du soutien et des conseils, les participants ont reçu suffisamment de comprimés pour en prendre un chaque jour pendant la durée de l'essai, au besoin (médiane de 9,3 mois). Ils devaient ingérer deux comprimés avant les rapports sexuels, un troisième 24 heures plus tard et un quatrième le surlendemain. Lorsque les relations sexuelles étaient plus fréquentes, les participants devaient prendre un comprimé par jour, puis les deux comprimés subséquents. «Il est intéressant de noter que la participation à l'essai clinique n'a pas influencé les comportements sexuels des sujets», souligne la Dre Tremblay.

Les chercheurs précisent que l'efficacité à long terme de la stratégie évaluée par leur essai clinique doit faire l'objet d'études approfondies. En effet, la période de l'essai était relativement courte et l'adhésion au traitement médicamenteux tend à diminuer avec le temps. Cela dit, c'est l'une des raisons pour lesquelles l'essai avait été entrepris. Des essais cliniques antérieurs avaient démontré que l'utilisation quotidienne du Truvada à titre préventif avait une certaine efficacité, mais que la prise stricte du médicament demeurait un grand défi. La stratégie de l'essai a donc été articulée autour d'une prise «à la demande» pour augmenter la probabilité qu'un patient en tire le maximum de bienfaits. «Dans les deux groupes, la médiane était de 15 comprimés par mois. Ce résultat montre que les participants étaient capables de juger à quel moment ils devaient prendre le médicament, observe la Dre Tremblay. Toutefois, 28 % des participants n'ont pris aucun comprimé et 29 % ont pris une dose sous-optimale. Dans le groupe de participants qui devaient prendre le médicament, les deux personnes qui ont été infectées ne s'étaient pas médicamentées. Offrir le soutien nécessaire pour assurer le respect à long terme du traitement médicamenteux sera l'un des défis pour accroître efficacement la prévention auprès de la population à risque.»

Les chercheurs croient d'ailleurs que le défaut de suivre rigoureusement le traitement explique en partie pourquoi deux récents essais cliniques portant sur des femmes hétérosexuelles n'ont pas réussi à confirmer les avantages du médicament. Le volet placébo de l'essai a pris fin dès que l'utilité du Truvada est devenue évidente. Les scientifiques continuent tout de même de travailler avec les participants de l'essai clinique pour mieux comprendre comment le respect du traitement peut évoluer au fil du temps.

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À propos de cette étude

Le Dr Jean-Michel Molina et ses collaborateurs ont publié l'article intitulé «Sexual Activity Based TDF/FTC for HIV Prophylaxis in Men Who Have Sex with Men» dans le New England Journal of Medicine le 1 décembre 2015.

L'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS -

France Recherche Nord&Sud Sida-HIV Hépatites) était le promoteur de l'essai clinique. L'essai a été financé par l'ANRS, le Réseau canadien pour les essais VIH des Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de dotation Pierre Bergé - Sidaction, Gilead Sciences et la Fondation Bill & Melinda Gates.

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