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La protection des habitats: Planche de salut des chauves-souris?

Les populations nord-américaines de chauves-souris connaissent un déclin sans précédent. Mais grâce à une étude des universités Concordia et du Tennessee, une solution serait à notre port&eacut

Peer-Reviewed Publication

Concordia University

Ce communiqué est disponible en anglais.

Montréal, le 4 août 2015 - Les chauves-souris font partie intégrante du paysage nocturne durant la saison estivale. Fréquentes visiteuses des cours de nos maisons, elles sillonnent le ciel en quête de moustiques. Ces petits mammifères ailés contribuent également à la protection des cultures : en se nourrissant d'insectes nuisibles, ils jouent un rôle de pesticide naturel.

Or, les chauves-souris sont aujourd'hui menacées. En effet, depuis que se sont intensifiées les activités agricoles dans le monde, la conversion de leurs habitats naturels a entraîné un net déclin des populations. Les chauves-souris nord-américaines sont en outre affligées du syndrome du museau blanc, une nouvelle maladie infectieuse qui est en train de décimer des colonies entières.

« De nombreuses populations de chauves-souris au Québec ont connu un déclin de l'ordre de 80 à 100 pour cent au cours des dernières années », affirme Jean‑Philippe Lessard, professeur de biologie à Concordia.

Dans ce contexte, des chercheurs des universités Concordia et du Tennessee ont évalué l'importance de différents types d'habitats pour les chauves-souris insectivores qui vivent à l'intérieur ou en périphérie des zones agricoles.

Dans un article publié récemment dans la revue Biological Conservation, une équipe de chercheurs dirigée par M. Noa Davidai, étudiant aux cycles supérieurs, et dont fait partie le Pr Lessard a montré que la protection des habitats naturels situés dans les écosystèmes largement modifiés par la présence humaine pourrait être salutaire aux populations vulnérables de chauves-souris.

« Les principaux résultats de notre étude ont révélé que, dans un environnement faisant l'objet d'un développement agricole intensif, la proportion d'habitats naturels est très importante pour les chauves-souris, explique M. Davidai, qui codirige ces travaux de recherche tout en poursuivant ses études supérieures à l'Université du Tennessee. En effet, un habitat naturel plus vaste signifie une plus grande activité chez ces animaux, et possiblement des populations en meilleure santé. »

Les chercheurs ont analysé l'équivalent de 9 552 heures d'enregistrement de cris de chauves‑souris recueillis au cours de 243 nuits, dans 15 sites d'observation distincts situés à l'intérieur d'une zone agricole intensivement exploitée du centre-sud du Texas. Pour surveiller les activités nocturnes de ces petits mammifères, ils ont utilisé des détecteurs spécialement conçus à cette fin. Pour déterminer l'abondance de papillons du ver de l'épi de maïs - insectes ravageurs des cultures parmi les plus destructeurs sur la planète, et dont raffolent les chauves‑souris -, ils se sont servis de pièges à phéromone.

Bien que les zones d'agriculture intensive fournissent aux chauves‑souris d'énormes quantités de ces papillons, l'apport varie grandement tout au long de la saison de culture. Hors de la période de floraison et durant le stade de maturation, les champs ne fournissent plus suffisamment d'insectes : la présence d'habitats naturels devient alors primordiale au maintien des populations de chauves-souris.

Ces résultats sont importants sur le plan tant économique qu'écologique. Dès lors, on estime que le contrôle des insectes ravageurs que procurent les chauves-souris représente une valeur de loin supérieure à 741 000 dollars par année, au Texas seulement. De plus, en réduisant l'utilisation de pesticides dans l'environnement, au bout du compte, on retarde le besoin de recourir à de nouveaux produits de ce type.

Un des coauteurs de l'étude, le Pr Lessard fait remarquer que ces résultats revêtent une grande importance pour les populations de chauves-souris partout en Amérique du Nord. À son avis, le déclin de l'ordre de 80 à 100 pour cent constaté au Québec est attribuable en grande partie au syndrome du museau blanc. Toutefois, la destruction de leurs habitats constitue un autre problème important avec lequel ces animaux doivent composer.

Le chercheur ajoute qu'il s'agit là d'une situation que nous pouvons tous contribuer à prévenir. « Nous pouvons, entre autres, nous assurer de préserver les habitats dont les chauves-souris ont besoin pour survivre. Cela consiste à protéger des espaces d'habitats naturels dans les zones où une grande partie de la forêt d'origine a été rasée à des fins agricoles, comme c'est le cas en Montérégie, près de Montréal. »

Le Pr Lessard encourage également les résidents à contribuer à la protection des chauves-souris en participant à chauves-souris.ca, une initiative en ligne élaborée conjointement par le gouvernement du Québec, le Centre de la science de la biodiversité du Québec et des chercheurs de plusieurs universités.

« Nous invitons les citoyens partout au Québec et en Ontario à nous aider à localiser les colonies de chauves-souris qui pourraient être présentes dans leur voisinage, lance le Pr Lessard. Cette information est cruciale, puisqu'elle nous permet d'évaluer l'état des populations de chauves-souris dans l'environnement naturel et de mettre au point un plan de préservation.

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