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Un livre analyse « la logique du fragment » du point de vue du discours

Book Announcement

Universidad Carlos III de Madrid

La logique du fragment. Art et subversion

image: La logique du fragment. Art et subversion (Pre-Textos, 2022), de Pilar Carrera view more 

Credit: UC3M

Sur le plan de la création, le discours normalisé conçoit le fragment comme un résidu de la totalité et conçoit la totalité (d’une œuvre artistique, par exemple) comme une fermeture, une conclusion, une vérité. Dans le livre « La logique du fragment. Art et subversion » (Pre-Textos, 2022), de Pilar Carrera, professeure à l’Université Carlos III de Madrid (UC3M), le fragment est analysé comme un espace d’émergence du sens et de la signification.

Cette analyse rompt avec l’idée que le fragment fait partie d’une totalité et le situe comme une structure discursive autonome, non seulement d’un point de vue esthétique, mais aussi d’un point de vue théorique et politique : « Le discours normalisé sur le fragment, qui le rejette moralement comme résidu de la totalité, se fonde sur la croyance en la vérité comme conclusion », note l’ouvrage. Cependant, « à l’opposé d’une clôture rassurante en termes de discours, le fragment pointe vers l’absence comprise comme un espace pour l’émergence du sens, et non comme se référant à une mémoire nostalgique que porte le deuil d’une totalité en ruines. L’absence est le substrat qui déclenche les processus de signification que le fragment véhicule ».

L’essai fait référence à des structures fragmentaires d’un ordre très divers. S’appuyant sur une large sélection d’exemples allant du cinéma à la peinture ou à la photographie, en passant par l’architecture, la philosophie ou la musique, il montre comment le fragment s’enracine dans le réel et le désir tout en tournant le dos aux formes dogmatiques du réalisme.

Don Quichotte est un exemple remarquable de structure fragmentaire. Les Ménines de Velázquez, l’icône filmée à la fin du film Andrei Rublev de Tarkovski, les œuvres de l’architecte Louis Kahn ou la Victoire de Samothrace sont d’autres exemples auxquels il est fait allusion : « La Victoire n’est pas en deuil de sa tête absente. C’est cette absence qui la constitue comme une énigme, un texte inépuisable, une variante infinie. L’absence de visage (porteur, culturellement, de ce qui est censé être les principaux traits identitaires), loin de rendre anonyme ce corps, renforce son être de toute la puissance des visages possibles. La Victoire n’est pas un corps sans tête, c’est un corps qui promet des milliers de visages, des milliers de « fins », aucune d’entre elles n’est concrète, toutes forgées par le désir du récepteur. Ce n’est pas le manque qui caractérise cette figure fragmentaire, c’est l’excès signifiant ».

À travers ce parcours, La logique du fragment révèle la relation structurelle entre art et politique, un lien qui a été pratiquement relégué à ce qu’on appelle « l’art engagé ». Le fragment et la totalité appartiennent tous deux au domaine du discours et de la représentation (avec ses ramifications éthiques et politiques) et ne renvoient pas à des états objectifs du monde, mais à des propositions et des horizons d’action, des attentes et des affections, déploiement du sens, conclut l’auteure.


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