News Release

Sclérose latérale amyotrophique : identification d’un probiotique protecteur

Scientists at the CRCHUM find that a bacterium called Lacticaseibacillus rhamnosus HA-114 prevents neurodegeneration in the C. elegans worm used to study amyotrophic lateral sclerosis.

Peer-Reviewed Publication

University of Montreal Hospital Research Centre (CRCHUM)

Alex Parker, chercheur au CRCHUM et professeur à l'Université de Montréal, en compagnie de la stagiaire postdoctorale et première auteure de l'étude, Audrey Labarre

image: Alex Parker, chercheur au CRCHUM et professeur à l'Université de Montréal, en compagnie de la stagiaire postdoctorale et première auteure de l'étude, Audrey Labarre view more 

Credit: CHUM

Montréal, 20 décembre 2022 — L’équipe d’Alex Parker du Centre de recherche du CHUM montre qu’une bactérie probiotique, Lacticaseibacillus rhamnosus HA-114, prévient la neurodégénérescence chez le ver C. elegans, un modèle animal utilisé pour étudier la sclérose latérale amyotrophique (SLA).

Dans l’étude publiée dans Communications Biology, les scientifiques suggèrent que la perturbation du métabolisme des lipides contribue à cette dégénérescence cérébrale, et démontrent que la neuroprotection conférée par HA-114, un probiotique non commercialisé, est unique par rapport aux autres souches de la même famille bactérienne testée.

 « Lorsque nous l’introduisons dans la diète alimentaire de notre modèle animal, nous constatons qu’il stoppe la progression de la dégénérescence des motoneurones. La particularité de HA-114 tient vraiment dans sa teneur en acides gras », résume Alex Parker, chercheur au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) et professeur à l’Université de Montréal.

En permettant la transmission de signaux aux muscles pour qu’ils se contractent, les motoneurones, des cellules nerveuses, nous permettent de faire bouger notre corps à notre guise.

Les personnes atteintes de la SLA voient leurs motoneurones se détériorer graduellement. Elles perdent alors leurs capacités musculaires jusqu’à la paralysie complète, l’espérance de vie n’étant en moyenne que de 3 à 5 ans après le diagnostic.

Près de 3 000 personnes en sont atteintes au Canada.

« Des recherches récentes ont montré que la perturbation du microbiote intestinal serait impliquée dans l’apparition et la progression de nombreuses maladies neurodégénératives incurables, dont la SLA », explique Alex Parker.

Identifier des souches bactériennes neuroprotectrices pourrait donc constituer la base de nouvelles thérapies.

Une affaire de diète

Au cœur de ce projet scientifique : la volonté inoxydable de faire progresser la recherche de la stagiaire postdoctorale Audrey Labarre, première auteure de l’étude et membre de l’équipe d’Alex Parker, auteur principal.

Depuis plusieurs années déjà, elle s’intéresse à la dégénérescence des motoneurones dans des vers C. elegans, des nématodes d’un millimètre modifiés génétiquement à l’aide de gènes associés à la SLA et partageant 60 pour cent de leur bagage génétique avec l’humain.

Pour étudier les effets neuroprotecteurs d’une supplémentation alimentaire à base de probiotiques sur ce modèle animal, elle a testé 13 souches bactériennes différentes et trois combinaisons de souches au total.

HA-114 est sorti du lot. L’action du probiotique a permis de réduire les troubles moteurs dans des modèles de sclérose latérale amyotrophique et de maladie de Huntington, une autre maladie neurodégénérative.

Deux gènes en jeu

En s’appuyant sur les données issues de l’étude génétique, du profilage génomique, de l’analyse comportementale et de la microscopie, l’équipe scientifique a identifié deux gènes, acdh-1 et acs-20, qui jouent un rôle clé dans ce mécanisme neuroprotecteur.

Ce travail minutieux a pu notamment être accompli grâce à des collaborations avec Martine Tétreault, chercheuse au CRCHUM, et Matthieu Ruiz, chercheur au Centre de recherche de l’Institut de cardiologie de Montréal.

Existant sous des formes équivalentes chez l’être humain, les deux gènes sont impliqués dans le métabolisme des lipides et de la bêta-oxydation, un processus par lequel les acides gras sont décomposés en énergie au niveau de la mitochondrie, véritable centrale énergétique des cellules.

« Nous pensons que les acides gras, fournis par HA-114, pénètrent dans les mitochondries par une voie indépendante et non traditionnelle. Ce faisant, ils ré-équilibrent le métabolisme énergétique défaillant dans la SLA et entraînent ainsi une diminution de la neurodégénérescence », dit Alex Parker.

Actuellement, l’équipe du chercheur mène des études similaires sur un modèle animal plus complexe que le ver C. elegans, la souris.

Elle vérifiera ensuite chez l’humain si HA-114 pourrait être un complément thérapeutique aux traitements actuels de la SLA. L’avantage? Les probiotiques, contrairement aux médicaments, ont peu d’effets secondaires.

Pilotée au CHUM, une étude clinique pancanadienne dirigée par la Dre Geneviève Matte, directrice de la clinique SLA du CHUM, sera menée en ce sens sur 100 personnes à partir du printemps 2023.

 

Rédaction : Bruno Geoffroy

###

À propos de l’étude

L’article «Fatty acids derived from the probiotic Lacticaseibacillus rhamnosus HA-114 suppress age-dependent neurodegeneration », par Audrey Labarre et leurs collègues, a été publié en ligne le 7 décembre 2022 dans la revue Communications Biology. Le financement de l’étude a été assuré par SLA Canada, Brain Canada, le CRSNG et la Weston Family Foundation. Lallemand Health Solutions inc. a fourni les souches de probiotiques.

 

À propos du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM)

Le Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) est l’un des principaux centres de recherche hospitaliers en Amérique du Nord. Sa mission est d’améliorer la santé des adultes grâce à un continuum de recherche couvrant des disciplines telles que la science fondamentale, la recherche clinique et la santé des populations. Plus de 2150 personnes travaillent au CRCHUM, dont près de 500 chercheuses et chercheurs, et près de 650 étudiantes, étudiants et stagiaires postdoctoraux. crchum.com

À propos de l’Université de Montréal

Montréalaise par ses racines, internationale par vocation, l’Université de Montréal compte parmi les plus grandes universités dans le monde et notamment au sein de la francophonie. Elle a été fondée en 1878, et compte aujourd’hui 13 facultés et écoles. Elle forme avec ses deux écoles affiliées, HEC Montréal et Polytechnique Montréal, le premier pôle d’enseignement supérieur et de recherche du Québec et l’un des plus importants en Amérique du Nord. L’Université de Montréal réunit 2 300 professeurs et chercheurs et accueille plus de 70 000 étudiants. umontreal.ca


Disclaimer: AAAS and EurekAlert! are not responsible for the accuracy of news releases posted to EurekAlert! by contributing institutions or for the use of any information through the EurekAlert system.